Quand la concision rencontre la précision. Il suffit d’une heure onze minutes pour se plonger dans ce jeu de massacre entre amis de longue date et que les répliques fassent mouche. La séquence d’introduction, avec une Kristin Scott Thomas (Janet) sur les nerfs, face caméra, tenant en joue le spectateur, nous prévient d’entrée : rien ne se passera comme prévu.
Tout devait pourtant bien se passer chez cette politicienne nouvellement promue ministre, à la joie de ses camarades de parti : sa meilleure amie April (Patricia Clarkson), cynique et fataliste à souhait, flanquée d’un « philosophe », coach de vie allemand (Bruno Ganz), deux lesbiennes dont la plus jeune attend des triplés (Cherry Jones et Emily Mortimer), un jeune loup de la finance boosté à la cocaïne… Et un autre personnage, qui brille par son absence mais dont on devine son importance dans les relations entre chaque protagoniste.
Les plans sont brefs et les visages au plus proche de la caméra. Le noir et blanc choisi par la réalisatrice sublime le tout et met en avant verbe et performance d’un casting remarquable, Kristin Scott Thomas en tête. Les archétypes sont assumés, mais les amateurs de théâtre filmé y trouveront leur bonheur. La force de The Party est de maîtriser la tragicomédie, de passer du vaudeville au drame, comme le personnage de Bill (l’excellent Timothy Spall) change de 33 tours sur sa platine. Jeu d’esprit permanent, The Party est aussi le visage d’une classe politique anglaise désabusée et perdue qui ne manque pas de trouver écho dans l’actualité politique outre-Manche. Le dernier film de Sally Potter est grinçant, insolent et malin et le coup de théâtre qui clot cette pépite élégante est particulièrement amusante.