Tout est bon sauf le scénar (qui est pourtant socio-constructiviste).

Photographie, acteurs, mise en scène, musique : nickel. Vous voyez l'affiche ? Atmosphériquement parlant, c'est ça. Des plans magnifiques, des détails qui révèlent des choses sur les personnages, des bulles de légèreté touchantes, de l'inspiration.

Mais quelle écriture navrante. J'étais tellement séduit par tout le reste que j'ai voulu y croire, et qu'au moment du premier machin énorme (on se dit "non, il a pas osé une ficelle comme ça, si ??? si !!") j'ai laissé passé en me disant c'est pas grave, un petit hocquet dans un truc prometteur, ça va aller. Puis PAF ! un deuxième, PAF ! un troisième... On compte jusqu'à 10, KO.

Le film tombe dans le piège typique de l'immaturité : essayer d'expliciter les tensions indicibles, le sel qui devrait rendre la chose délicieuse, et qui se voit ici surligner au fluo à tel point qu'on a plus le temps ni même l'occasion de lui trouver une saveur nous-même. Est-ce par anticipation du public américain qui a tant de mal à cogiter les drames familiaux, tant il est ignorant des dynamiques sociologiques ?

Quoi qu'il en soit il est désagréable d'être pris par la main de la sorte, alors même que le montage lui-même aurait pu se prêter à davantage de finesse, de profondeur. Ici malheureusement il se retourne contre lui-même et rend cette perspective plate et attendue. La scène de fin est vraiment sur le fil du ridicule et seules les âmes les plus séduites par l'ensemble y trouveront une ode à la vie. Les autres lâcheront un soupir de déception et s'en iront la tête rêveuse attendre leur métro sans un mot.