Au nom du père.

C'est con comme un mauvais résumé peut vous faire passer à côté d'un bon film. A sa sortie, les journaux avaient plus ou moins vendu le nouveau film de Derek Cianfrance comme un "Drive" à moto, aspect visiblement renforcé par la présence du blondinet Ryan Gosling. Ce qui explique, du moins en partie, ma désertion de la salle d'un film que je voulais pourtant voir depuis que j'avais découvert le superbe "Blue Valentine".

S'il est difficile à résumer sans déflorer une bonne partie de l'intrigue aux oreilles encore vierges, "The place beyond the pines" n'a finalement rien, mais alors rien à voir avec le sleeper hit de Refn, rappelant plutôt le cinéma de James Gray, le film de Cianfrance tapant étonnamment dans la saga familiale.

Empreint d'une certaine fatalité, d'un spleen qui fait mal au coeur, "The place beyond the pines" orchestre la violente rencontre entre deux mondes antagonistes, fait défiler devant nos yeux les circonstances qui mèneront au drame et surtout, en montre les conséquences, les fautes des pères rejaillissant toujours sur leur fils comme on dit.

Porté par des comédiens excellents et donnant le meilleur d'eux-mêmes, que ce soit Ryan Gosling, charismatique en diable, ou bien Bradley Cooper, bien loin de son image de beau gosse, sans oublier le jeune Dane DeHaan, sosie de DiCaprio période "Gilbert Grape" déjà vu dans "Chronicles" et "Des hommes sans loi", "The place beyond the pines" est un très beau film sur l'héritage de chacun et sur ce que l'on en fait, sur nos fautes et leurs répercussions parfois dramatiques, permettant à Derek Cianfrance d'affiner sa mise en scène (superbes scènes à moto) et de confirmer tout le bien que je pensais de lui.