Un scénario qui aurait pu vraiment être intéressant, avec des thèmes sur l'humain qui véhiculent plein de sentiments complexes et intelligents, une réalisation qui s'essaye à des tas de petites choses et d'ambiance, des acteurs très bons.

Mais.
Le scénario s'enlise, ça tire en longueur (plus j'y pense, plus je crois que ça vient de la deuxième partie, beaucoup trop longue et exagérée - est-ce que c'était vraiment la peine le coup du bon flic/méchant flic pour l'histoire de fond ? Vraiment pas sûr), et finalement peu de champ est vraiment laissé à l'émotion. A aucun moment je n'ai eu de réelle empathie pour les personnages, une petite étincelle de plus pour la séquence sur les ados, mais ça, c'est peut-être dû à mon goût plus sensible sur ce thème.
La réalisation... Cianfrance commence presque son film comme un pastiche de Drive (Gosling filmé de dos, silencieux, présence dure et efficace), pourquoi ? Et du coup, méfiance immédiate : car l'effet est déjà vu, est déjà bien réussi dans le film de Winding Refn, alors ?
Ensuite, c'est une caméra qui tremblote tout le temps, sans justification si ce n'est l'impression qu'il faut faire "dans le cinéma d'auteur" et que c'est un effet imposé. On pourrait croire que Cianfrance se récupère dans la deuxième partie : ambiance plus carré, proprette, la caméra va arrêter de faire de la caméra "intelligente", mais non... ambiance des images cracra façon vieil album corné et poussiéreux qui persistent. Dommage.
Je ne sens pas la "patte Cianfrance".

Un film qui devrait reposer sur des histoires de gens qui se rencontrent, avec des relations complexes et destructives, qui m'a laissée en distance. Avec cette frustration finale du film anecdotique que j'aurais oublié dans quelques jours. Aucun bouleversement, aucune émotion plus haute que l'autre, des images qui ne véhiculent pas l'intensité des émotions démontrées par les acteurs. Une immersion distancée tranquille d'un film qui se laisse regarder. Et pendant lequel on s'ennuie légèrement parce que quand on n'est pas hyper doué, on évite de faire plus d'1h45 de film. 2h20 c'est long quand c'est moyen.

Sinon, les acteurs sont bien plantés dans leurs rôles.
Petite préférence pour Ben Mendelsohn (sacré caméléon, quand en l'espace de quelques jours, je vois deux films avec lui sans faire le rapprochement (rôle du mari dans Perfect Mothers)), Dane DeHaan (que j'adore depuis Chronicle, même s'il faut reconnaître que les deux rôles sont proches), Ray Liotta (qui a toujours cette putain de gueule et de regard).
Bradley Cooper tient la route, fait sa partition sans anicroche. Idem pour Eva Mendes.
Pour Ryan Gosling... En fait... j'en pense quoi de cet acteur ? J'en sais rien, mais dans ce film... A part la scène où il est à l'église et pleurniche et celle de vraie tendresse, je le trouve trop monolithique (plus je le vois, moins je suis fan de son jeu).

Bref.
The place beyond the pines (va chercher, déjà, le titre à rallonge de film qui ne se dévoile pas, titre qui ne met en avant un aspect hyper anecdotique au final : Ryan dans la forêt avec sa moto - séquence filmée étrangement. Impression de tableau pas sec dont la peinture fait tout plein de gribouillis. Effet intéressant, mais pas abouti, et pas assumé jusqu'au bout. Et les deux scènes de mises à mort dans la forêt pour les deux autres histoires), je veux bien qu'il se soit creusé la tête pour trouver un titre pseudo poétique mais... bon... si ça fait un flop derrière, on va oublier le titre, et le film.
Donc : un film qui se regarde, soirée pluvieuse et envie de ne pas être bouleversé par les émotions ou l'implication dans une histoire, c'est parfait. Distrayant, avec un fond manichéen (un chouia), des belles gueules, et un discours sur la culpabilité, l'égoïsme et la conséquence de ses actes qui demeure assez flou.
Queenie
6
Écrit par

Créée

le 7 avr. 2013

Critique lue 499 fois

3 j'aime

9 commentaires

Queenie

Écrit par

Critique lue 499 fois

3
9

D'autres avis sur The Place Beyond the Pines

The Place Beyond the Pines
Gand-Alf
8

Au nom du père.

C'est con comme un mauvais résumé peut vous faire passer à côté d'un bon film. A sa sortie, les journaux avaient plus ou moins vendu le nouveau film de Derek Cianfrance comme un "Drive" à moto,...

le 12 sept. 2013

86 j'aime

2

The Place Beyond the Pines
cloneweb
4

Critique de The Place Beyond the Pines par cloneweb

Un an avant la sortie de Drive, le réalisateur et scénariste Derek Cianfrance faisant tourner Ryan Gosling face à Michelle Williams dans Blue Valentine, film que Jean-Victor décrivait à l'époque...

le 14 mars 2013

61 j'aime

6

The Place Beyond the Pines
SanFelice
7

Pères sévères

Je continue mon exploration du cinéma de 2013, en profitant pour combler mes lacunes du moment. Après des films plutôt décevants, me voici donc lancé à la conquête de The Place beyond the pines. Au...

le 21 nov. 2013

56 j'aime

1

Du même critique

Perfect Mothers
Queenie
9

Paradis Perdu.

Deux amies d'enfance, très proches l'une de l'autre. Deux mères de deux superbes jeunes hommes. Un petit coin paradisiaque d'Australie. Les choses basculent (mais pas tant que ça) lorsque chacune des...

le 5 avr. 2013

35 j'aime

2

Le Maître des illusions
Queenie
9

La neige fondait dans la montagne...

Ça démarre vraiment très bien avec l'histoire de ce petit groupe de jeunes étudiants dans une fac un peu huppée. Des étudiants à part, qui prennent des cours de grec ancien avec un prof mystérieux...

le 12 juil. 2012

35 j'aime

Vernon Subutex, tome 1
Queenie
9

Lendemain de fête.

Vernon, cet ancien disquaire, après avoir vivoté un temps du chômage et de l'aide de son ami chanteur célèbre, se retrouve rapidement à la rue lorsque l'argent ne rentre plus. Il va alors sillonner...

le 30 janv. 2015

25 j'aime