The Pluto Moment
5.8
The Pluto Moment

Film de Zhang Ming (2018)

Les merveilles d’un Festival de cinéma : voir quatre films par jour, dont trois qu’on n’aura jamais dans son circuit habituel de province, et deux dont on n’aurait jamais soupçonné l’existence ; l’occasion de voyager à travers le monde, de donner leur chance à des premiers films, des projets audacieux, dénués de toute contrainte commerciale.


Fantastique opportunité, qui ne doit pas pour autant occulter le revers de la médaille, à savoir des mauvaises pioches dans une offre pléthorique. The Pluto Moment, qui n’a d’ailleurs visiblement pas trouvé distributeur en France depuis bientôt un an, est à ranger dans cette catégorie.
Soit une équipe de tournage qui part à la recherche d’un folklore ancestral dans les forêts perdues de Chine, et se perd en route dans une errance qui révèle autant la médiocrité du cinéaste en abyme que l’absence de parti pris de celui aux réelles commandes. Un vague humour, quelques caractères, une émergence des femmes, un constat assez discret sur la vanité du Parti à travers un représentant paumé, un état de fait sur la fracture entre ville et cambrousse, le tout au fil d’une promenade qui s’enlise sur deux heures qui en paraissent le quadruple.


On pourrait bien, en insistant, déceler quelques pistes dans ce jeu qui s’échine à les effacer à mesure qu’on bifurque. Notamment dans cette ironie consistant à chercher des funérailles issues d’un Livre des ténèbres pour mieux se mettre en lien avec une vie permanente, au sein d’une nature immanente qui fait la part belle aux matières (le végétal, la terre, l’humidité, la brume) avant que des questions plus philosophiques comme l’avortement ou le suicide ne surgissent.


On n’ira pourtant pas jusqu’à se laisser embarquer, optant malgré nous pour une mise en abyme autre que celle proposée entre le cinéaste et son alter-ego fictionnel : dans l’équipe, un personnage s’endort régulièrement, porte-parole du spectateur (Velvetman et moi-même avons tout de même eu le bon goût de nous relayer) un peu trop laissé de côté dans cette végétation étouffante.

Sergent_Pepper
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le 9 mai 2019

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Sergent_Pepper

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