Prends ça dans ta g***le !!!!

En 2009, le sympathique Merantau s'est imposé comme le meilleur film de la vague post-Ong Bak en révélant un artiste martial et son art (le Silat) en la personne d'Iko Uwais et un réalisateur à suivre : le Gallois Gareth Evans.

Plutôt que de faire une suite à Merantau, Evans et son équipe ont choisis de s'orienter vers Berandal (titre provisoire), une histoire de flics/voyous complètement furibarde dixit son réalisateur. Cependant, le budget trop élevé du projet empêche ses géniteurs de lancer la production et les contraint à s'orienter vers un « plan B » avec The Raid dont les premières images ont fait le buzz auprès des amateurs de tatane made in Asia, en manque de pains dans la tronche depuis le dernier Tony Jaa et depuis que Donnie Yen travaille pour la propagande chinoise.
Après vision de la chose, le verdict est sans appel : il s'agit tout simplement un des plus grands films d'action de l'histoire et le meilleur de ces dix dernières années ! Rares sont les films où le public réagit autant à chaque coup de latte (des lustres que je n'avais pas applaudis dans une salle) et dont on sort lessivé après une séries de montées d'adrénaline. The Raid est de cela...

Sous ses aspects de bande d'action décérébrée, le film de Gareth Evans a un intérêt indéniable en tant qu'objet cinématographique. Ainsi, le Gallois nous venge de l'insupportable mode du surdécoupage et de la shacky cam en venant ridiculiser 90 % des films d'action occidentaux avec même pas un tiers du budget apéros d'un blockbuster hollywoodien !
D'une lisibilité et d'une fluidité exemplaire, la mise en scène d'Evans brille de part sa capacité à exploiter la topographie du décor (voir ce plan séquence saisissant où la caméra accompagne les soldats dans leur chute a travers un trou dans le plancher. Cela n'a l'air de rien comme ça mais techniquement ça en impose...) magnifiée par un montage exceptionnel et un travail sur le son qui n'est pas sans rappelé celui de Michael Mann, notamment lors des fusillades.
Sur le plan formel, The Raid est donc un film inattaquable, époustouflant dans sa capacité à nous en mettre plein la vue malgré des moyens limités et tout juste regrettera t'on le score moyen composé par le talentueux Mike Shinoda qui ne s'est pas trop foulé ici.

La maîtrise du metteur en scène vient de fait transcender ce qui fait le cœur du film : la baston !
Les morceaux de bravoures se déroulent en deux actes qui jouent sur la promiscuité des deux parties et qui illustrent littéralement le terme de « close combat ». D'abord on assiste à une série de gunfights furieux et inventifs (souvent à bout portant !) puis les adversaires laissent tomber les armes à feu au profit des armes blanches (couteaux, tonfas,machetes , etc.) et de leurs poings pour des mano a mano tous plus jubilatoires les uns que les autres.
D'une brutalité hallucinante, les combats de The Raid sont caractérisés par l'absence de truquages qui a pour conséquence un réalisme total des coups portés. Les fights sont logiquement mis en avant par une mise en scène exemplaire, débarrassée de tous les tics du genre (pas de ralentis foireux ni de montage épileptique) mais aussi et surtout par le talent des interprètes presque tous formés dans l'art de distribuer les baffes.

En tête Iko Uwais et Yayan Ruhian qui se hissent au niveau des grands maître Chinois grâce à leur travail phénoménal sur les chorégraphies mais qui se distinguent également en tant qu'acteurs.
Dans le rôle du héros, le premier confirme le talent entrevu dans Merantau et s'impose comme un des meilleurs artistes martiaux en activité. Quant au second, il est tout simplement MONSTRUEUX (dieu quel combat final !) dans le rôle de « Mad Dog », une machine à tuer qui ne jure que par le combat à main nue et qui s'impose comme une figure ultime du bad guy badass. De plus, le bonhomme est de loin le combattant le plus impressionnant du métrage et malgré ses 44 printemps, il fait passer tout le casting d'Expendables 2 pour des boyscouts en goguette !

Vous l'aurez compris, The Raid est une claque qui redonne un sacré coup de fouet au genre et l'investissement surhumain de l'équipe de cette péloche, née suite à un tournage en mode commando (parfois plus de 12 heures de prises de vue par jour), se doit d'être sanctionner de la note maximale !
Certains me trouveront probablement trop dithyrambique et évoqueront un scénario qui tient sur un timbre poste. Je leur répondrai que dans un film d'action, le script ne doit pas forcément briller par sa profondeur et qu'il doit avant tout servir efficacement le spectacle ce qui est le cas ici !
En outre, l'approche viscérale et sincère du genre accouche de quelque chose d'ultime, un véritable nirvana pour les fans d'actionner et je défie quiconque de me citer un film d'une intensité supérieure ou égale à celui de Mr Evans.

Au final, je ne peux qu'enjoindre les amateurs à se précipiter dans les salles le 20 juin (au même titre qu'Avatar, le film doit être vu au cinoche pour être apprécié).
Sinon, il paraît que le tournage de la suite (le fameux Berandal donc) commence en 2013 pour une sortie programmée en 2014...ça va être long !