The Satellite Girl and Milk Cow
5.9
The Satellite Girl and Milk Cow

Long-métrage d'animation de Jang Hyung-Yun (2014)

A l’ombre du grand et beau cerisier qu’est le cinéma d’animation japonaise, mondialement célèbre et célébré, pousse – timide mais résolu - un autre arbre qui lui semble à la fois semblable et bien différent, dont les ramifications fleurissent à toute allure (ça c’est l’animation coréenne, hein).


Nous allons donc nous intéresser à cette fleur, poétique et bizarre, qu’est The Satellite Girl And Milk Cow ===> et cela nous permettra de cesser immédiatement cette pseudo métaphore archi douteuse 666% dernier Marc Lévy, la préface.


Donc, c’est l’histoire du satellite KITSAT-1 qui vient sur Terre récupérer des données et prendre des pixxx de la péninsule coréenne, d’un jeune homme musicien-wannabe qui vient de se faire tej’ par sa dulcinée et qui a le myocarde en kleenex, et de Merlin l’Enchanteur (ni plus ni moins).


La MAGIE s’en mêle, et la première se voit métamorphosée en gamine cyborg avec un bras bionique amovible (d’ailleurs elle en a tout un stock de rechange dans un placard), le deuxième en vache laitière (c’est la sanction des peinés de cœur, retour au bestiaire primitif) et le troisième en rouleau de papier toilette (aux feuilles magik quand même). Voilà: c'est du Ovide sous energy drink fluo.


Au niveau des bad boyz on a : un incinérateur géant qui fout la merde dans les rues de Séoul et un trafiquant d’organes qui a comme obsession absolue de voler le foie des animaux/ex-humains aux ❤ brisés.
Pas cool.


Si on ajoute que parmi les rôles secondaires nous avons l'honneur de retrouver un chien qui conduit une caisse ou une sorcière phacochère qui insiste - un peu lourdement d’ailleurs - pour dévier notre pauvre héros (la vache) de sa voie lactée (système qui inclut la petite cyborg pour qui il commence à s’embéguiner) pour l’amener dans les bois (ouais meuf on a vu Le Village tu sais), il y a de quoi se poser cette question paternaliste (et donc malvenue en ces jours gender fluid) :


« C’est grave docteur ? »


Après ce canevas surréaliste au possible, il est bien facile de s’imaginer des caractérisations tiroirs à la con comme « WTF » ou « ovni » (plus jamais celui-là), et pourtant : ici, l’absurdité revendiquée ne cherche nullement à s’iriser de sa propre satisfaction, et au contraire – sans aller non plus vers une nouvelle normalité 9.0 (genre turfu du futur) – il faut avouer que ce long-métrage n’est en définitive pas aussi abracadabrant qu’il n'en a l'air.


Nos deux tourtereaux discordants (une vache à lait et un satellite cyborg, je rappelle, mayday) n’en deviennent rapidement pas plus chimériques que les autres, et puis voilà que ça se brise le cœur, que ça le répare, que le petit gars lacté nous ressort son synthé, ça devient un peu épique, délibérément loufoque, et donc d’une liberté bienheureuse (plus dans la forme que dans le fond, au final). Cette romance fantaisiste et fantastique – souvent drôle, bien que parfois lourdos (mais pas autant qu'on aurait pu le croire avec ce mage WC protecteur, disons que l’habit ne fait pas le moine mais l’habille quand même quoi), use des clichés de l’animation plus « traditionnelle » (par opposition supposée) sans pour autant les parodier. Mi-ange mi-démon en somme, telle Najoua Belyzel (je vous laisse chercher).


Morale de l'affaire : lamour é partou (et est aveugle).


Joli conte, qui vous fera voir vos feuilles de Lotus* autrement.
* ou papier hygiénique Liddl mais là je vous plains, désoeuvrés du water closet.

oswaldwittower
7
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le 11 mai 2016

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oswaldwittower

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