Pour un cinéphile, il n’y a rien comme se faire agréablement surprendre par un film dont on n’a pas trop d’attente. C’est l’effet que j’ai ressenti en voyant de The servant. La construction dramatique du scénario est si habile qu’elle nous tient captif du début à la fin. Un serviteur de métier est embauché par un jeune lord anglais pour répondre à tous ses besoins. Une fois qu’il a obtenu sa confiance, il le convainc d’engager sa sœur comme femme de chambre qui se trouve en réalité à être son amante. Les deux complices vont réussir à manipuler leur patron au point de le faire plonger dans la déchéance la plus profonde pour peu à peu renverser les rôles de maître et valet. Un drame psychologique sur toile de fond politique à saveur marxiste. Pas étonnant puisque Joseph Losey a donné dans le théâtre engagé de Brecht et Piscator avant d’œuvrer au cinéma. Grâce au jeu inspiré des comédiens, on réussit à faire passer le message sans affaiblir l’intrigue. Dirk Bogarde nous happe dès sa première présence à l’écran. Juste essayer de saisir les intentions machiavéliques de Hugo Barret est un suspens en soi. L’arrivée de Sarah Miles en aguichante Vera vient doubler le plaisir. Leur victoire finale n’est pas la leur, elle est celle de la classe sociale qu’ils incarnent. James Fox et Wendy Craig sont tout aussi convaincant en bourgeois fait victimes. Tout cela est filmé de manière magnifique par une recherche de cadrages très soignés et signifiants. Joseph Losey disait que tout le monde était heureux sur ce tournage… Le spectateur l’est aussi.

Elg
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le 3 nov. 2020

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