Comme je l'ai déjà dit, j'adore le travail de David Fincher. Si on exclue "Panic Room", qui est plus une déception qu'un mauvais film et "Alien 3" que je n'ai pas vu, il n'y a pas un film que je n'aime pas dans sa filmographie. Des personnages travaillés, des scénarios prenants, une esthétique extrêmement sombre et sérieuse, des castings d'exceptions utilisés à la perfection, tout m'attire chez Fincher. Mais ici, pas de Morgan Freeman, de Robert Downey Jr ou d'Edward Norton, mais Jesse Eisenberg et Andrew Garfield, deux inconnus à mes yeux. Mais connaissant Fincher, je pénétrais sans crainte dans les murs de Harvard.
Nous suivons ici le jeune Mark Zuckerberg, étudiant à Harvard en 2003. Lassé par son obsession par les clubs universitaires, notamment le Phoenix, le plus prestigieux de Harvard, sa petite amie Erica Albright rompt avec lui. Après l'avoir insulté publiquement sur son blog, il a l'idée de créer Facemash, un site où l'on vote pour la plus torride de deux filles pour remplacer l'autre par une autre et ainsi de suite pour ainsi établir un classement, grâce à l’algorithme d'Eduardo Saverin, son meilleur ami. Après avoir fait planté le réseau d'Harvard par surplus de connections, Mark est envoyé en conseil de discipline et est repéré par les frères Cameron et Tyler Winklevoss et leur partenaire Divya Narendra pour créer un réseau social dans Harvard. Leur disant disant qu'il essayait, il va développer avec Eduardo un concept de réseau social inter-universitaire, puis national voir international. Les choses se gâtent lorsque les frères Winklevoss découvrent la supercherie, qu'Edouardo rentre au Phoenix et que Mark rencontre Sean Parker, un ambitieux programmeur à la tête de quelques révolutions sur internet.
Tout dans ce film est génial. Je pense qu'il est immédiatement devenu un de mes films préférés et mon biopic préféré après "Ed Wood" de Tim Burton et "Harvey Milk" de Gus Van Sant. C'est un des rares films ayant réussi à me faire comprendre à quel point le cadrage et le montage sont importants, notamment dans la scène de création de Facemash, c'est clair, c'est rapide, c'est millimétré, c'est en accord parfait avec la musique. La musique, d'ailleurs, est excellente, Trent Reznor et Atticus Ross ont fournit en travail exceptionnel, dont j'ai particulièrement apprécié les morceaux "Hand cover bruise", "In motion" et la reprise de "In the hall of Mountain King" d'Edvard Grieg. L'image est également rendue magnifique par une teinte tantôt orangée, tantôt bleuâtre. Ces quatre points offrent un visuel qui à lui seul vaut le détour. Le scénario, très intelligemment écrit, retranscrit la création de Facebook à travers les procès de Mark Zuckerberg face aux frères Winklevoss et leur partenaire pour vol de propriété intellectuelle et celui face Edouardo Saverin pour licenciement abusif et non-reconnaissance de son statut de co-fondateur, passant de l'un à l'autre pour suivre la création de Facebook de manière quant à elle linéaire. Les acteurs sont impressionnant, notamment Jesse Eisenberg et Andrew Garfield, interprétant respectivement Mark Zuckerberg et Edouardo Saverin. Mais surtout, ce qui pour moi est le point fort des films de Fincher, le traitement des personnages. Comme à son habitude, il nous offre un personnage attachant, comme le narrateur de "Fight Club" ou l'inspecteur William Somerset de "Seven", et un détestable, comme Eliott Dunn de "Gone Girl" ou Nicholas Van Orton de "The Game". Edouardo Saverin est un personnage dont la chance n'attire que mépris et préjudice, malgré son grand altruisme. Lorsqu'il entre au Phoenix Club de Harvard, Mark va en être extrêmement jaloux, car c'est son rêve comme il le dis dans un des meilleurs dialogues d'introduction du cinéma nous présentant entièrement le personnage en quelques lignes, et ne l’oubliera jamais. Avoir un point de vu différent de Sean Parker lui attirera ses foudre et pendant qu'Edouardo fera de son mieux pour aider l'entreprise à l’extérieur, Sean incitera Mark à le mettre sur la touche. Quant à Mark, il est extrêmement humain et inhumain. Débit de voix rapide, extrêmement intelligent, arrogant, calculateur et prêt à tout pour atteindre ses ambitions, c'est un véritable ordinateur, un programme qui doit atteindre son but. Mais cependant, il n'est pas dénué de sentiments, bien au contraire. Tous ces choix important se feront suite à des sentiments forts, que ce soit l'amour, la colère ou la jalousie. La création de Facemash se fera après avoir énormément dénigré Erica Albright suite à sa rupture. Il séduira des groopies, il engagera des programmeurs lors de battles de programation et s'associera à Sean Parker pour faire évoluer Facebook dont le but est, certes de flatter son égo, mais surtout pour entrer au Phoenix. Lorsqu'Edouardo sera admis, il va tout faire pour l'éjecter du projet, quand bien même il est son meilleur programmeur, sa première source de revenus, le co-fondateur de Facebook, un conseiller averti et son meilleur ami. Sans oublier que, jouant de son talent puis de sa notoriété, il essaiera de reconquérir Erica. Si on en juge par le traitement que leurs ont offert Fincher et Aaron Sorkin, le scénariste, on pourrait admettre qu'Edouardo est la victime et Mark le méchant du film, ce qui est étonnant puisque l'on parle du plus jeune milliardaire du monde derrière la création du site le plus suivi au monde, on pourrait penser qu'il est "cool". Et bien non, il est traité comme n'importe quel personnage arrogant et antipathique.
La seule et unique raison de ne pas voir ce film est de ne pas aimer les noms sur l'affiche ou de n'aimer que les films d'actions ou romantiques. Si ce n'est pas le cas, foncez, c'est de la bonne.

Picou_Arthur
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le 28 juil. 2015

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