The Tortured
5.2
The Tortured

Film DTV (direct-to-video) de Robert Lieberman (2010)

Produit par Twisted Pictures (la saga Saw, Dead Silence, Catch Hell), The Tortured est, comme on aurait pu le deviner en lisant son titre, un torture-porn. Et la jaquette du film annonce fièrement « par les producteurs de Saw » au cas où le titre n’aurait pas été assez explicite sur le contenu du film. Oui, encore un torture-porn pourront penser certains, et c’est vrai qu’on ne peut pas leur donner tort tant ils sont légions depuis le premier Saw justement, qui a clairement remis la mode du genre au goût du jour. The Tortured (2010) ne va clairement pas faire dans l’originalité, d’autant plus qu’il ressemble étrangement au roman québécois Les Sept Jours du Talion (2002), également adapté en film par son auteur en 2010. Est-ce que The Tortured se différencie malgré tout de la masse des films du même genre ? Pas vraiment. Est-ce qu’il vaut malgré tout le coup d’œil ? Oui et non. Car The Tortured souffle le chaud et le froid pour un résultat final en demi-teinte.


Le postulat de départ est des plus simples. Le fils unique d’un jeune couple se fait kidnapper et tuer par un psychopathe qui se fait rapidement arrêter par la Police. Les jeunes parents sont complètement abasourdis et attendent qu’il soit jugé comme il se doit. Le procès arrive, il écope de 25 ans de prison. Mais ce procès ne leur permet pas de faire le deuil car ils jugent qu’il ne devrait jamais sortir de prison pour avoir commis cet acte immonde. Ils décident donc de faire justice eux-mêmes, en trouvant dans un premier temps le moyen d’extirper le prisonnier du camion de Police l’amenant en prison ; et dans un deuxième temps, en le torturant lentement, afin de le faire souffrir autant qu’ils ont souffert à la mort de leur fils.
The Tortured commence comme un drame. On y voit le quotidien d’un couple qui vient de perdre son enfant. Le film se met d’ailleurs en place très rapidement car le psychopathe se fait arrêter pour ses actes à peine à la 7ème minute. Arrive rapidement le procès, entrecoupé de flashbacks qui nous expliquent un peu plus comment tout ça s’est passé. La peine de 25 ans de prison que les parents n’acceptent pas… L’envie de mourir… Puis l’envie que lui meure… Mais aussi l’envie qu’il souffre… La décision de le faire souffrir… La décision de le torturer… On commence doucement, par des brulures de cigarettes. Puis au fer à souder. Puis des doutes s’installent sur ce qu’ils sont en train de faire… Mais non, il doit souffrir… Lui provoquer des crampes dans tous les muscles en même temps… Lui planter une aiguille dans l’oreille pour lui percer le tympan… Créer le manque d’oxygène dans ses poumons… Le réanimer quand son cœur s’arrête parce qu’il doit continuer de souffrir… Lui écraser les orteils avec un étaux… Mais rapidement, des voisins curieux… Et la Police qui va remonter leur trace…


Même si The Tortured se veut parfois assez gore, il reste au final assez light. On n’est clairement pas dans la saga des Saw ou des Hostel. Mais ce n’est pas un mal car le film préfère s’attarder sur la psychologie des personnages. Ils ont beau devenir les bourreaux de l’assassin de leur fils, jamais le couple ne tombe dans une brutalité exagérée. Le doute sur ce qu’ils sont en train de faire ne les quitte jamais. La peur et le désespoir les accompagnent dans leurs méfaits, leur permettant de toujours garder leur humanité. Le film fait réfléchir à ce niveau-là, expliquant (au cas où nous ne le savions pas déjà) que la violence ne résout pas tout… On perçoit très bien la douleur que ressentent les deux personnages suite à la perte de leur enfant, l’utilisation des flashbacks étant pertinemment exploitée. Alors qu’habituellement ces derniers nous sont souvent présentés avec des filtres un peu ternes, un peu sombres, afin de nous faire comprendre qu’ils appartiennent au passé, le réalisateur ici fait le choix inverse. Le présent est triste, douloureux, plein de colère, suite à la mort de l’enfant. Par conséquent, ces couleurs fades, avec un filtre presque sépia sont employées. Ce sont à l’inverse les flashbacks, qui représentent les moments joyeux, plein d’amour, où l’enfant était en vie, qui eux jouissent de jolies couleurs et d’aucun filtre. Un procédé malin qui donne un peu de peps à une réalisation qui, malgré tout, a un aspect très téléfilm (le réalisateur venant du milieu des séries et des téléfilms, ceci explique peut-être cela).


The Tortured souffre également d’autres problèmes plus ou moins gênants. Outre certaines incohérences et grosses ficèles qu’on pourra pardonner tant elles sont légions dans le cinéma horrifique (le mec qui se fait broyer le pied mais qui boite à peine), le film se traine parfois un peu en longueur. Un comble pour une bobine d’1h20 générique de fin compris. Et étonnement, c’est la partie « torture » qui ne décolle réellement jamais, peut-être parce qu’elle se veut trop sage comme exprimé plus haut. Peut-être car le réalisateur veut trop humaniser ses personnages. Mais une chose est sûre, c’est que leur descente aux enfers de la première partie est au final plus intéressante et plus captivante. Le réalisateur semble d’ailleurs s’en rendre compte puisqu’il essaie de rebondir sur son final, en essayant de nous surprendre avec un twist censé semer le doute dans nos petites têtes. Le twist, on ne le voit pas forcément venir. Ce sur quoi le film essaie de nous surprendre est d’ailleurs plutôt logique. Mais il y a un gros « mais », c’est la manière dont ce twist est traité. Car, et là je mets un gros [SPOILER ALERT], la personne qu’ils torturent est bien la bonne, mais le twist qui essaie malgré tout de nous faire croire le contraire alors qu’au final non, lui donne un côté très forcé et pour le coup bien moins percutant. Normalement, un twist est là pour rétablir une vérité en nous faisant comprendre que le film nous mène en bateau depuis le début. Ici, on a la vérité depuis le début, et le twist arrive et nous dit « Ah ah, peut-être qu’on vous a menti depuis le début en fait ! Mais rassurez-vous, non. ». On s’interroge sur l’utilité d’une telle façon de faire [FIN SPOILER ALERT].


Du bon et du moins bon dans cet énième torture-porn qu’est The Tortured. Ça se regarde très facilement grâce à sa très courte durée (1h20), mais vous ne perdrez pas grand-chose à passer votre chemin. Dans le genre, préférez The Loved One ou le premier Saw.


Critique originale : ICI

cherycok
5
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le 27 nov. 2018

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cherycok

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