Un sommet du cinéma, au service d'une foi à main armée...
Si je voulais être un peu caricatural, avant de préciser un peu, je dirais que j'ai eu l'impression d'être devant un film de propagande magistral de deux heures et demi pour les Témoins de Jéhovah, ce que Malick n'est sans doute pas (mais regardez par exemple cette fin, d'une transparence troublante sur ce point, malgré son immense beauté), mais - et c'est là mon souci - filmé par un artiste merveilleux, d'une rare sensibilité, et d'une technique inestimable... Et c'est ce qui m'a gêné personnellement : aucun doute, aucune inquiétude, aucune question, aucune expression problématique, aucun véritable mystère même, si je peux me permettre d'aller jusque là, et ce malgré les apparences ; on est devant un film d'une grossièreté monumentale de sentiment (oui, je sais, à part le fils qui se révolte contre son père, mais est-ce vraiment si original ?), alors même que les images, les plans, la manière de filmer en font l'un des chef d'œuvres plastiques du cinéma. Je ne comprends pas...
On a dit que c'était son 2001 l'odyssée de l'espace. Au moins, dans 2001, la fin était rempli d'un mystère surprenant, d'une originalité inattendue ; l'artiste avait vraiment "créé" quelque chose ; on sentait sa main, on sentait une âme qui s'interroge, qui cherche, qui médite. Dans The Tree of Life, malgré ce qu'on peut dire, il n'y a aucune méditation, il n'y a aucune véritable recherche, si ce n'est dans l'expression et dans l'image. J'ai eu l'impression de voir une immense fresque publicitaire chrétienne, mais une fresque peinte par un homme de talent, on ne peut le nier...
Dommage, parce qu'un cinéma porté à un tel niveau, à un tel sommet, mais qui assène à ses spectateurs une telle vérité d'évangile, c'est une déception monumentale...
Dommage, parce qu'une telle sensibilité artistique, indubitable, se conçoit difficilement au sein d'un film qui braque à main armée le sens de la vie... Un silence humble et serein aurait été plus apprécié...