Les années 60 avaient amené une redécouverte des cultures traditionnelles, et parfois pré-chrétiennes. C'est ce qui est en cours à Summerisle, dans ce film culte dû à un réalisateur qui avait une solide expérience du documentaire. Il nous donne à observer, à travers le regard souvent indigné de Howie, un site qui a toutes les caractéristiques d'une cité britannique ancrée dans son époque – le pub, des jeunes à cheveux longs,... - mais où s'inscrivent des décalages déconcertants, que ce soit des enfants entonnant des chants paillards sous la direction de leur professeur, ou des jeunes filles dansant nues autour du feu.
Robin Hardy est habile à nous désarçonner, à créer un malaise subtil dès le début, nous baladant où bon lui semble. Ainsi, le flic qui veut découvrir les circonstances de la disparition de la jeune Rowan, censé être du côté du bien, est un homme peu sympathique, coincé, autoritaire, qui ne comprend rien à ce qui se passe. Les croyances païennes qu'il combat ont parfois un côté rafraîchissant, avec ces générations vivant en harmonie, ces jeunes qui ont l'air épanouis, cette jeune mère donnant paisiblement le sein... dans un cimetière. La musique est douce ou joyeuse, les paysages sont majestueux. Mais le paganisme des habitants de Summerisle crée aussi souvent le malaise, avec ses aspects glauques: une grenouille introduite dans une bouche d'enfant, puis retirée, en guise de médicament, une sexualité débridée, des masques d'animaux angoissants et déshumanisants. Piégé dès le début, Howie sera mené jusqu'à un destin terrible, où il n'y a finalement plus d'ambiguïté: les villageois chantant autour de "l'homme d'osier" ont tout d'une secte de fanatiques illuminés, capables des pires horreurs, pour lesquels l'individu doit être – littéralement – sacrifié à la communauté.
Dans une veine nettement plus humoristique, le film "Hot fuzz" d'Edgar Wright s'inspire beaucoup de The Wicker Man.