Ce film d’époque qu’on a du mal à situer exactement dans le temps, probablement le XIXème siècle, se déroule dans les brumes de l’Angleterre victorienne. Vraisemblablement en Ecosse au vu des paysages glacés et des étendues de mousses infinies. Au début, il semble que « The Young Lady » se pare de tous les atours du drame romantique en costumes. Puis, le film opère un virage de plus en plus marqué vers le suspense et fait immanquablement penser à une version plus dure et radicale de « Madame Bovary ». Ce modèle ou cet hommage écrasant ne joue pas forcément en sa défaveur mais lui enlève toute l’originalité à laquelle il aurait pu prétendre, bien que les nombreux rebondissements déjouent habilement tous nos pronostics.
Le force de cette œuvre est indéniablement son montage resserré et sa durée très courte (à peine une heure et demie) qui empêchent le spectateur d’éprouver quelconque ennui mais l’oblige à se concentrer sur un suspense malin qui va crescendo. Au fur et à mesure des événements on se demande comment va se terminer cette escalade meurtrière. Si on a du mal à ressentir la passion ressentie par la jeune héroïne envers le palefrenier du domaine, on comprend en revanche toute la frustration qu’elle peut éprouver dans ce rôle d’épouse mariée de force, sans amour et contrainte à la solitude dans une société aristocratique aux traditions verrouillées
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La réalisation de William Oldroyd peine cependant à se sortir des carcans du film en costumes avec ces plans fixes excessivement froids et austères. Si le sujet laissait entendre une certaine critique de la condition féminine en ces temps-là et les abus d’une société patriarcale - donc un certain modernisme dans le propos - la forme reste, elle, terriblement poussiéreuse. La critique sociale et la manière dont est tenu le récit sont néanmoins admirables et on apprécie que la noirceur du propos soit revendiquée jusqu’à la dernière minute. « The Young Lady » se voit comme un premier film abouti et vénéneux auquel il manque juste un peu de panache et d’énergie dans son esthétique. A moins que ce ne soit le souhait du metteur en scène de corseter ses images autant que la poitrine de son personnage principal.