Non ça ne l'est pas, ça y ressemble beaucoup pourtant.
Comme beaucoup de films j'ai l'impression ces derniers temps (j'entends les 50 dernières années).
De ces films qui cherchent à nous montrer qu'une nature réprimée dans la violence du carcan entraîne souffrance, et violence extériorisée, comme un retournement.
Je voudrais lister pour voir si je n'invente pas :
Grave, donc
et Thelma évidemment
La reine des neiges, même si ça vous fait rire (cette référence me fait rire en tout cas)
Teeth, le vagin qui croque
et d'autres encore, j'en vois notamment un de De palma, mais tiré d'un livre celui-ci. Et puis on n'est pas là pour faire une liste non plus, il y a des endroits pour ça.


Quoique si je comprends bien Plotin :


« Si l'on peut dire de chaque chose qu'elle « est », c'est grâce à l'unité et aussi à l'identique » écrit Plotin dans les Ennéades. On doit à l'« Un », l'unification de la multiplicité dont est constituée toute chose. S'il existe quelque chose libre de toute multiplicité à unifier c'est l'« Un » lui-même, principe de toute unité et par conséquent de tout être. Dans cette métaphysique engendrant l' « être », l'« Un » est aussi condition de l'intelligibilité de tout ce qui « est […]
La pensée qui circonscrit par la définition une forme intelligible engendre un objet dont on peut dire qu'il est parce qu'il est pensable. L'« Un » transcende la pensée comme il transcende l'être. Les choses qui viennent de l'« Un » sont comme autant de fragments virtuels du premier principe. L'être fixé dans des formes stables constituent l'ensemble des intelligibles. Pris ensemble ils constituent la totalité de l'être et équivalemment l'Intelligence, première hypostatique dans le système de Plotin. »


la multiplicité de mes références pourrait avoir un sens critique, si j'osais me laisser porter par l'Un pour donner à tous ça un sens intelligible.
(Je dis ça, mais je n'exclus pas de m'être complètement perdu dans la barbante multiplicité des mots de ce fameux Plotin, et d'en être passé à côté)
Transformer mes références déjà, pour tirer comme une idée d'un film, comme on fait du lait un fromage, c'est déjà me laisser porter par cet esprit Un que je n'exclus pas comprendre de travers.


Bonjour l'angoisse. Bonjour stimulation. Bonjour tristesse. C'est comme vous voulez.
Tentons tout de même : (spoil)
Grave nous laisse démuni sous sa fin cynique : un père plein de morsures effrayantes qui nous dit qu'il a bon espoir
Thelma est plutôt optimiste quoiqu'il donne un peu dans le dommage collatéral : embrasse ta nature regarde la droit dans les yeux, comprend toi le ciel t'aidera, trouve l'amour qui te va et vaz-y à fond tu feras des miracles, n'exclut pas quelques petits sacrifices, et pourquoi pas une catabase au calme
La reine des neiges est un peu puéril : va bouder dans ton coin et tu seras libéré délivré
et Teeth : là c'est œil pour œil, gland pour gland. Défouloir, mais on se rassure que ce ne soit qu'un film.


Que tirons-nous de tout ça ?
De plus en plus je suis tenté de supposer que notre fameux lupus homini lupus, depuis que Kafka a inventé l'absurdité et que tout le monde s'est dit que c'était une bonne idée, a surtout depuis peu vocation à nous inspirer de beaux films, de beaux livres, de belles chansons... c'est devenu notre petit McGuffin à nous, comme le minimum de cadre nécessaire au spectacle.


Ici chez Thelma, on a tout ce qu'il faut. De la tension, de l'amour, de beaux effets un petit peu Gondry (ceux d'Eternal... on apprécie), de la violence bien sûre (imaginative qui plus est...), beaucoup de mystères... belle recette, quelques longueurs, peu importe.


Bien sûr on comprend des trucs. Mais on comprend surtout que le monde part en couille, et que l'humain apeuré par la débandade a vite tendance à oppresser ce dont il n'a pas envie (étonnamment je pense davantage ici aux parents qu'à la fille, mais peu importe, « c'est une métaphore » comme dit le psychiatre de Jim Carrey dans The mask). Plutôt agir que comprendre. On comprend qu'on comprend plus en somme.


Mais quand même il y a la catharsis. Plusieurs fois je me suis dit qu'un(e) jeune adulte qui souffre bloqué(e) dans un carcan pourrait voir dans cette chair Thelma non pas un espoir sur la fin, ni une réponse, mais bien la sublimation d'un mal-être probablement courant. Et dans cette sublimation se sentir moins seul(e), et trouver du courage.


Catharsis, sublimation… ce n'est pas intelligible tout ça cela dit, je me demande ce qu'en pense l'Un ?

Vernon79
7
Écrit par

Créée

le 15 avr. 2018

Critique lue 530 fois

5 j'aime

8 commentaires

Vernon79

Écrit par

Critique lue 530 fois

5
8

D'autres avis sur Thelma

Thelma
Docteur_Jivago
8

Raison et Sentiments

S'ouvrant sur une glaçante séquence, puis un vertigineux plan en plongée mettant en avant une cour d'université, Thelma impose de suite le ton imposé par Joachim Trier, une ambiance hypnotique, voire...

le 6 déc. 2017

37 j'aime

9

Thelma
limma
7

Critique de Thelma par limma

Thelma explore l’adolescence et ses désirs, ses expériences et ses interrogations, les tempêtes intérieures à l’éveil. Prenant pour thème la foi, le metteur en scène pointe efficacement ce que...

le 11 déc. 2017

23 j'aime

5

Thelma
-Ether
8

Plongée en apnée dans l’inconscient refoulé

« Je souhaitais me frotter au film de genre, faire quelque chose de différent ». Thelma constitue la première incursion cinématographique de Joachim Trier dans la veine du thriller surnaturel. Servi...

le 16 nov. 2017

22 j'aime

2

Du même critique

Battleship
Vernon79
8

Battleship: un film d'action de société

Tout commence à l'entrée du cinéma. Le film est déjà commencé, mais toi t'as pas fini ton kebab et tu sens au fond de toi même qu'il n'y a pas le feu au lac (faut attendre la dernière demi-heure du...

le 17 mai 2012

38 j'aime

5

Les Goonies
Vernon79
9

C'est pas parce que l'on est grand que l'on doit rester assis

Dans le premier tome des "Scènes de la vie de provinces", Balzac tentait de nous expliquer comment "durant la belle saison de la vie, certaines illusions, de blanches espérances, des fils argentés...

le 20 mai 2012

25 j'aime

15

Fitzcarraldo
Vernon79
10

Qu'est-ce que le luxe ?

Une gazelle, c'est exotique dans un zoo à Montreux, pas dans la savane. Un labrador, c'est exotique sur l'Everest, mais pas sur une plage bretonne à faire chier les crabes. Et bien voilà c'est un peu...

le 25 juin 2018

22 j'aime

17