Chronique de la folie ordinaire. Ou pas.

Dans le paysage du film indépendant américain, on a l'habitude de moquer l'omniprésence du film typé "Sundance" : réalisé proprement, un peu noir mais pas trop, et avec beaucoup de bons sentiments (et mieux encore : des enfants).


Thunder road détonne totalement dans ce cadre : le personnage est horripilant (voire antipathique selon votre sensibilité), la mise en scène n'a rien de lisse, et le sujet est à la fois quelconque (un tableau de l'american way of live) et déstabilisant (idem).


Le film dresse le portrait d'un homme, Jimmy Arnaud, policier texan, en train de tout perdre. Mère, femme, enfant, métier, famille, maison. Jimmy est profondément décalé par rapport à la réalité, à tel point qu'on doute souvent de sa santé mentale : il adopte des comportements que l'Amérique promeut tous les jours (l'héroïsme, le respect de l'autorité, un certain type de virilité), tout en étant constamment en léger décalage avec ce qu'il conviendrait de faire. Jimmy dérape donc régulièrement, sur plusieurs plans. Il dit ce qu'il ne faut pas quand il ne le faut pas, adopte le mauvais ton ou la mauvaise attitude, montre trop ses émotions.


Ce décalage perpétuel entre le drame que vit le personnage et son inaptitude à le gérer génère chez le spectateur des sentiments ambivalents de malaise, de pitié et de sidération. Le film est alternativement un drame, une comédie grotesque, un film noir et une chronique sociale.


Si Thunder road ne paraît pas complètement tenir la distance d'un long-métrage, il est suffisamment original pour mérité d'être vu.


http://www.christoblog.net/2018/09/thunder-road.html

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le 16 sept. 2018

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