Time is money : pourquoi nous offrir qu'une moitié de film ?

Dans un paysage hollywoodien affamé de remakes, reboots ou parodies, lorsqu'un réalisateur propose quelque chose de frais et de nouveau, je suis le premier à l'encourager et à applaudir l'essai.

Avec Time Out, ça commence plutôt bien : nous voilà plongés dans une société où le temps a remplacé l'argent. Vous voulez un café ? Ça vous coûtera 2 minutes de votre vie. Vous voulez une chambre d'hôtel ? Ça vous coûtera 2 mois. A partir de 25 ans, on arrête de vieillir et le compte à rebours démarre : il faut gagner du temps pour rester en vie.

Autant dire que le pitch est plutôt attrayant, et avec Andrew Niccol à la réalisation, on se dit que tout ira bien. Pourtant, on termine le film avec un petit goût de déception.
Car si le propos est d'abord efficace, il sombre assez rapidement dans la facilité et n'offre plus vraiment d'enjeux dramatiques par la suite. Time Out devient alors qu'un honnête film d'action, taillé sur mesure pour Justin Timberlake, qui reste très convaincant. Contrairement à ses précédents films, Andrew Nicoll a préféré ici rester sobre.

Dommage que rien ne soit réellement approfondi ; on n'en sait pas plus, rien sur l'origine de ce concept, et au final, il ne nous reste que quelques maigres pistes de réflexion : vive critique du capitalisme sauvage, du modèle économique contemporain. En oubliant les quelques clichés déjà brassés des centaines de fois dans la Science-Fiction (déséquilibres entre riches et pauvres), il n'est guère possible de se raccrocher à autre chose.

On s'arrêtera alors sur ce sentiment d'urgence omniprésent imposé par cette course contre-la-montre (ce qui fait qu'on s'ennuie rarement), sur ces décors fabuleux, sur certaines scènes d'actions vraiment jouissives, sur des courses poursuites effrénées à travers la cité.

Mais les fausses notes sont pour moi trop nombreuses pour en faire un "bon" film : absence totale de toute émotion, des héros sans grande aspiration, casés dans un rôle prédéfini (sauver le monde, partager les richesses, blablabla), une romance qui prend trop souvent le dessus sur l'action (à la façon d'un Bonnie & Clyde), des dialogues un peu limites, et quelques scènes franchement invraisemblables (notamment le casse de la banque effectué avec une facilité déconcertante).

Bref, le temps c'est de l'argent, c'était un concept vraiment intéressant, mais il se désagrège trop vite. De là, Time Out tombe trop souvent dans le film d'action banal, propre sur lui, qui a du mal à assumer les ambitions que mettait en jeu l'excellent pitch de départ.
badgone88
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le 30 déc. 2011

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