"Pour peu d’immortels beaucoup doivent mourir. "

Il faut le dire : l’idée de base de « Time Out » est excellente ! J’adhère totalement à cette approche de la science-fiction intelligente montrant un monde économique plus radical. Si le temps remplaçait l’argent, c’est à ce genre de dérives auxquelles on assisterait ! Alors forcément, même si le film se rapproche finalement plus d’un film d’action que d’une critique sociétale, on ne peut s’empêcher de réfléchir un peu sur la condition humaine, et aux extrémités auxquels nous arriverons un jour.

« Time Out » n’a cependant pas les épaules nécessaires pour porter une telle trame. Plutôt que d’exploiter en profondeur le sujet de la lutte des classes et des évènements ayant conduit à la mise en place de ce système, Andrew Niccol a choisi la simplicité. Le problème n’est traité que superficiellement et ne dispose même pas d’une conclusion digne de ce nom. En fait, j’aurais aimé que plutôt que de le vendre comme un blockbuster d’action SF tout public, le réalisateur propose une œuvre plus mature qui prendrait en compte -et avec sérieux- toutes les nuances et les complexités de son sujet. J’aurais aimé une histoire qui me transporte au-delà des bastons et des répliques téléphonées. J’aurais aimé une œuvre se rapprochant de l’excellence atteinte par Bon Joon-Ho dans « Le Transperceneige » quoi. Il est réussi ce « Time Out », mais plus dans ses scènes d’action parfaitement rythmées que dans son aspect anticipation.

Les acteurs sont corrects. Justin Timberlake et Amanda Seyfried sont des "action heroes" ordinaires, sans jamais être transcendants. Ce sont surtout leurs personnages qui manquent de substance et de personnalité. Leurs revirements de caractère inexpliqués empêchent de les cerner complètement. Sylvia épouse trop rapidement la cause de son ami Will, qui lui-même est confus. Voyez plutôt : le jeune homme se rend dans les quartiers riches pour renverser le système, partager équitablement le temps entre les citoyens. Pourtant, il oublie étrangement ses intentions de Robin des Bois le temps de s’acheter un costume pompeux et une voiture au prix d’une petite cinquantaine d’années. Pour se fondre dans la masse ? Mouais... Pour se faire plaisir surtout !

Rien de plus lorsque l’on creuse au niveau des personnages secondaires : Cillian Murphy et Johnny Galecki interprètent leurs rôles sans se fatiguer. Seul la belle Olivia Wilde et Matt Boomer -grâce à son personnage intéressant et mystérieux- se démarquent légèrement.

Les thèmes composés par Craig Armstrong sont simplement excellents. Capables de coller des frissons dans les moments clés tout comme de se faire oublier lorsque cela est nécessaire, ils trouvent systématiquement leur juste place. Le moment où les compositions de l’homme sont le plus remarquable se situe lors du dernier face-à-face entre Will et sa mère Rachel. Une scène très forte, probablement même la meilleure du film.

« Time Out » est donc un blockbuster correct, à condition de ne pas en attendre trop. Bien que légèrement plus intelligent que la moyenne, il n’est certainement pas le film SF de la décennie, mais reste toujours divertissant.