Le temps c'est de l'argent... non... l'argent c'est du temps

In time (traduit en français pas Time out, cherchez l'erreur) m'avait donné l'impression d'être passé inaperçu lors de sa sortie en salle. Pourtant c'est le plus gros succès commercial d'Andrew Niccol. Ce succès est-il mérité ?

Andrew Niccol s'est taillé une solide réputation de scénariste et de réalisateur avec ces précédents métrages (Lord of war, bienvenue à Gattaca, Simone). Ses films sont toujours bien écrits, intelligents et superbement mis en scène. In time ne déroge pas à la règle.

L'histoire se déroule en 2070 où les humains sont génétiquement modifiés pour ne plus vieillir dès l'âge de 25 ans. La contrepartie est qu'un compteur intégré au bras est activé avec une durée d'une année. Quand celui-ci arrive à zéro c'est la mort. La monnaie est remplacée par du temps et les gens travaillent pour "gagner du temps" et essayer de vivre le plus longtemps possible. Les inégalités sociales sont très marquées avec des « riches » qui peuvent vivre des centaines d’années et les pauvres du ghetto vivant au jour le jour en essayant de gagner des minutes ou des heures pour atteindre le jour suivant. Will Salas survit dans le ghetto et reçoit un siècle de vie par un riche lassé par le système. C’est l’occasion pour Will de mettre à mal ce fameux système…

In time est donc un film de science-fiction dystopique qui profite de son concept pour critiquer notre modèle économique où les plus riches s’enrichissent grâce aux plus pauvres. Le film reste avant tout un divertissement mais son idée de départ amène la réflexion. Il est très facile de s’identifier à ces personnes qui courent tous les jours pour gagner un peu de temps… Qui ne travaille pas pour payer ses factures et améliorer un peu son quotidien mais voit le temps défiler trop vite ?

Je ne suis pas spécialement fan de Justin Timberlake mais sur ce coup il m’a agréablement surpris. Par contre petite déception concernant le casting féminin, le réalisateur aurait dû échanger les rôles d’Olivia Wilde et Amanda Seyfried, tellement Olivia est charismatique et magnétique mais disparaît trop tôt au profit d’une Amanda au look improbable.

On peut noter quelques incohérences au niveau du temps restant sur le compteur selon les situations mais cela ne gâche en rien la compréhension de l’histoire. Esthétiquement, le parti pris du réalisateur de créer un univers très proche visuellement de notre époque est intéressant mais donne aussi l’impression d’un manque de moyens. Les scènes dans le ghetto se déroulent pratiquement toutes dans une même rue et les décors dans la partie « riche » sont peu originaux. On pourrait donc être très vite lassé et c’est là qu’intervient le grand Roger Deakins qui filme pour la première fois en numérique. Il nous propose ainsi une très belle photographie jouant sur plusieurs couleurs pour masquer le côté un peu « cheap » de l’ensemble.

In time n’est pas parfait en raison d'un manque de profondeur de certains aspects et d’un manque d’ambition au niveau décors mais il a au moins le mérite de proposer un divertissement qui amène une réflexion et rien que pour ça il mérite tout mon respect…