1. Année-catastrophe pour certains, nanar cosmique pour d'autres. 2012 est aussi la date du centenaire du plus célèbre des naufrages : celui du paquebot de rêve, l'insubmersible Titanic... et l'année de ressortie du film homonyme réalisé 15 ans plus tôt par James Cameron : l'incontournable Titanic, gigantesque succès cinématographique de la fin du XXeme siècle. Titanic. Cumul des moyens, cumul des entrées, cumul des récompenses : un film somme, en somme ?...


Titanic, c'est déjà pas mal de chiffres : 1 réalisateur, 2 futures stars planétaires, 3 heures de pur spectacle et des milliers de figurants, des millions d'effets spéciaux et des millions de spectateurs, 11 statuettes et des milliards de billets verts. C'est le 14 avril 1912, date épique du fameux naufrage. C'est 4 cheminées, 1 gouvernail et 1 architecte, 1 commandant et 3 classes comptant chacune plusieurs centaines de passagers. 1 iceberg, aussi.


Il va sans dire que tout le monde ici connaît le Titanic de Cameron, pour l'avoir aimé ou non, pour l'avoir vu en salles il y a quinze ans ou maté en VHS, DVD, Div-X ou autres Blu-ray. Tout le monde y est allé de son petit commentaire, de son " spectaculaire " ou de son " bouleversant ", beaucoup ont parlé d'un Leonardo DiCaprio minet jusqu'à l'overdose de sirop, plein d'autres ont pleuré lors de la scène de l'orchestre, certains ont analysé la progression méticuleuse de l'hécatombe avec intérêt...


Alors Titanic, c'est quoi ? De la poupe à la proue il est difficile d'aborder un tel morceau de cinoche, tant sa réputation fait l'effet d'un raz-de-marée, d'un précédent rarement égalé. Titanic c'est peut-être surtout un biopic, la reconstitution prodigieuse d'un personnage inanimé et pourtant en mouvement ( aurait-il donc une âme ?...) qui serait filmé sous toutes les coutures ( plans généraux, plans d'ensemble, plans rapprochés, plongées, contreplongées, plongée sous-marine même...) pour mieux nous en parler, nous en raconter son histoire.


Titanic, aussi, est un film romantique : romancé, idéalisé, peuplé de personnages aventuriers d'esprit, parfois raffinés ou esthètes, des bohémiens amoureux à la folie et des positionnements idéologiques, des strates sociales, du luxe, de la musique folklo ou encore des projections dans l'avenir, des souvenirs et un Art sacralisé ( la peinture, la musique, la mode vestimentaire...). Romantique puisqu'il réunit deux amants partageant les mêmes idéaux mais une toute autre condition, romantique car éphémère jusqu'à en devenir parfois un brin superficiel, romantique... et donc beau ?


Titanic enfin, est sûrement un film-catastrophe. LE film catastrophe. Autrement dit un film d'action. Un film dramatique. Un drame, donc. Titanic, du haut de ses chiffres, de sa charge historique et de son lyrisme est - techniquement - un chef d'oeuvre. Durant trois heures nous sommes embarqués dans un festival d'effets visuels et de détails à profusion, l'immersion s'avérant progressive mais solide. La structure du film de James Cameron est pourtant sans grande originalité, le réalisateur présentant son spectacle sous la forme d'un long flashback. Mais le bougre sait véritablement raconter son histoire, avec des moyens certes calibrés par et pour Hollywood mais diablement efficaces...


Deux parties forment Titanic : l'avant-naufrage et le naufrage. La première est nécessaire à Cameron pour apprivoiser son public, pour qu'il s'attache aux personnages, pour qu'il s'acclimate au décor ou - si nous sommes dans le cas d'une relecture - pour qu'il repère les éléments tragiques qui vont advenir par la suite ( nombres de canots, diamant égaré ou vitesse exagérée du paquebot ). Quant à la seconde partie elle s'affirme comme un climax étiré sur près d'une heure, nécessaire pour subjuguer les spectateurs. Le dernier quart d'heure boucle la boucle entamée par l'introduction du flashback, conférant au Titanic un incorrigible statut de classique, de film traditionnel par excellence...


Titanic est donc un grand film, c'est incontestable. Qui peut rebuter dans sa volonté opportuniste de toucher tous les publics. Qui peut agacer par son étalage de moyens techniques et sa relative mièvrerie sentimentale. Il n'en demeure pas moins un sommet de réalisation, plus proche d'un spectacle numérique virtuose que d'un sommet de théorie cinématographique... Mais vendre du rêve n'est-il pas aussi l'une des raisons d'être du Septième Art ?

stebbins
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le 31 août 2015

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