Pour finir l'année 2017, on a eu droit à une seconde réalisation de Ridley Scott. Après Alien Covenant, à travers lequel il continue de malmener la saga Alien depuis son désastreux Prometheus, il nous livre une nouvelle œuvre sans intérêt avec l'insipide Tout l'argent du monde. A 80 ans, le metteur en scène en a-t'il encore sous le pied, où est-il à l'aube de sa carrière.
Inspiré d'une histoire vraie. John P. Getty (Christopher Plummer) est un milliardaire. Pire encore, c'est l'homme le plus riche de la planète. Il a construit son empire grâce au pétrole, en mettant de côté sa famille. Son fils John P. Getty II (Andrew Buchan), sous l'impulsion de sa femme Gail Harris (Michelle Williams), va le solliciter pour un emploi. En renouant le contact, le patriarche va jeter son dévolu sur son petit-fils John P. Getty III (Charlie Shotwell), pour en faire son successeur. Quelques années plus tard, ce dernier va se faire enlever en Italie. En refusant de payer la rançon, le vieil homme démontre son absence d'empathie et délaisse le jeune homme à son sort. Sa mère n'a que l'énergie de son désespoir pour tenter de sauver son fils.
Le drame est superficiel, en donnant le sentiment de passer à côté de son sujet. On est face à un sociopathe, mais on en a aperçoit que la surface. C'est frustrant de se retrouver face à un personnage aussi cynique, préférant surveiller le cours du pétrole et enrichir sa collection d'œuvres d'art, plutôt que de payer la rançon pour libérer son petit-fils.
Le monstre se terre dans son immense demeure isolée en Angleterre. Cela aurait fait une superbe figure digne de la Hammer, grâce au jeu de Christopher Plummer; par ailleurs impeccable; mais l'histoire lui préfère sa belle fille interprétée par une Michelle Williams étonnamment nullissime. La femme fragile ne se révèle pas attachante, on ne vibre pas pour elle et encore moins pour son fils. Cette absence d'empathie est préjudiciable à une intrigue, ne pouvant compter que sur cela, pour nous empêcher de plonger dans un état d'ennui profond, face à cette suite de scènes sonnant désespérément creuses. On se retrouve dans le même état que le patriarche, en se foutant totalement du sort de son petit-fils. Contre toute attente, on est plus inquiet du sort de son kidnappeur Cinquanta (Romain Duris). Un personnage se révélant sympathique, au contraire des autres.
Le kidnapping est au centre de l'histoire, mais ce sont les personnages qui sont intéressants. Malheureusement, on ne leur donne pas de profondeur psychologique. Le film se contente de nous les montrer, au lieu de nous les présenter. L'ascension de John P. Getty se fait en quelques plans. Sa relation avec sa famille est éludée, alors qu'elle est au cœur de l'intrigue. L'enlèvement du petit-fils aurait dû être le fil rouge, en restant en arrière plan pour mieux dessiner le portrait de cet homme cupide.
On ne ressent pas de suspense, ni même d'angoisse. Le film défile, sans qu'on y attache trop d'importance. On est comme hypnotisé et on attend que le clap de fin, nous sorte de notre torpeur. Cela sonne aussi creux que la demeure de John P. Getty. La possibilité de faire preuve de cynisme avec une touche d'humour noir, grâce à ce personnage des plus antipathique, se fait à peine ressentir, à croire que Ridley Scott s'est crû avec son Alien, en évitant de trop le montrer, pour ne pas gâcher ses rares apparitions. Sauf que pendant ce temps, il ne propose rien et la séance se déroule dans l'indifférence.
On espère que la série Trust de Danny Boyle avec Donald Sutherland dans le rôle de John P. Getty sera plus intéressante. En attendant, on se demande ce que serait le film avec Kevin Spacey. Une simple curiosité, tant le personnage rappelle celui de Frank Underwood dans House of Cards.
Tout l'argent du monde est un nouveau film mineur dans l'immense filmographie de Ridley Scott. Une œuvre qu'on peut facilement effacer de notre mémoire.