Lorsque je suis sorti de la salle, je ne savais pas comment me positionner face à ce faux-documentaire où un père de famille souhaite organiser une "marche nationale noire" à Paris. Personnellement, je n'ai pas beaucoup rigolé, même si l'exercice de l'auto-dérision auquel se prête un panel impressionnant de personnalités est le point fort du film. Le projet est risqué, casse-gueule et indéniablement politique et en total résonance avec l'actualité Black Lives Matter. En cela, je trouve que cette comédie osée de Jean-Pascal Zadi et John Wax tombe à pique mais s'empare d'un sujet tellement épineux qu'elle est loin d'en maitriser toutes les ficelles. Au final, je vois pas ce que le film veut raconter ou dénoncer derrière le masque de la comédie tout public... Critique du communautarisme et dénonciation du racisme sous forme de sketchs filmés caméra à l'épaule font de Tout simplement noir un vrai film-débat qui pose la question sans fin "Peux-t-on rire de tout ?". Il y a beaucoup de points de vue, beaucoup de sujets abordés, un personnage principal qui n'arrive pas à être clair dans ses revendications, des personnages secondaires trop souvent dans l'excès, ce qui donne une impression de flou et de fourre-tout un peu problématique... Alors oui, il y a de bonnes idées et de bonnes interventions, notamment lorsque les femmes noires ne se sentent pas incluses, le rôle du père (le plus sincère du film alors qu'il n'apparait que quelques minutes et qu'il s'agit d'un inconnu), ou encore lorsque le personnage se fait plaquer au sol par les forces de l'ordre (un silence glaçant s'est fait sentir et c'est sans doute la réaction que j'ai trouvé la plus intéressante dans ce brouhaha de rires incessant !). Vous remarquerez que ce ne sont pas les scènes comiques et absurdes qui m'ont marqué ! Du coup, je me suis posé la question : pourquoi la comédie ? Parce que Jean-Pascal Zadi a une dentition bizarre et que ça ferait une bonne réplique ? Parce que les personnalités noires en France sont toutes cantonnées aux rôles de comiques ? Moi, ça m'a raconté que derrière une volonté d'agir face à une inégalité quelconque, il y a un manque d'approfondissement et de détermination qui nous empêche d'être sensé et pertinent pour les autres. Qui sommes-nous pour agir ? Comment agir ? A partir de quand faut-il agir ? Au final, je trouve le film très bête et maladroit en surface mais détenteur de vérités qui crispent. Le sujet de l'identité noire est extrêmement complexe et riche et "Tout simplement noir" a le mérite d'interroger et d'ouvrir le champs de la parole. Mais est-ce le but recherché ?