Un film dont je n'attendais rien et qui se révèle être une des meilleurs comédies françaises de ces dernières années.
La grande réussite du film est de traiter d'un réel problème mais avec une légèreté, un sens de l'autodérision et du second degré qui le rend véritablement sympathique.
Parmi les messages pertinents du film, je relève :
1/ Dans nos sociétés modernes, le sujet se pense d'abord comme un individu et non comme part d'une communauté, de tel sorte que la personne noire visera d'abord sa propre réussite plutôt que l'avancée de la cause noire (Farid n'envisage de soutenir le projet de Jean-Pascal que pour faire oublier son bad-buzz et pour ce que ça peut lui rapporter en terme de notoriété).
2/ Certains noirs ne se pensent pas du tout comme membre de la communauté noire ou descendants d'africains, mais uniquement comme membre de la communauté nationale française (le fabricant de t-shirt).
3/ Les manifestations réservées exclusivement à une certaine catégorie de personnes peuvent être perçues (peut-être à tort) comme du racisme inversée et les personnes noires ou maghrébines peuvent elles-mêmes être vecteurs de racisme (vis-à-vis des juifs notamment, le cas Dieudonné).
Par ailleurs, le film s'avère à plusieurs reprises vraiment drôles : le directeur de casting qui veut faire jouer à Jean-Pascal un personnage de dealer, violeur et islamiste ; la brouille entre Fabrice Eboué et Lucien Jean-Baptiste quant à la question de l'humour sur l'esclavage ; la film "black love" très césar-friendly de Farid ; la prise de conscience de Eric Judor quant à son identité noire.
Le seul moment que je regrette est la scène où des policiers bastonnent Jean-Pascal pour... rien, moins subtil que le reste du film.
En conclusion, j'estime que ce film mérite son succès et ses récompenses.