Toy Story 4
7.1
Toy Story 4

Long-métrage d'animation de Josh Cooley (2019)

Oh, c'est vrai, t'as le bras cassé. J'aurais plus envie de jouer avec toi maintenant.

La saga Toy Story est tel un bon repas: Une entrée pas trop mal, un sacrément bon plat de résistance et un dessert explosif pour sublimer le tout. Puis vient la quatrième partie, le verre de saké, le petit bonbon qui accompagne l'addition, bref, le petit plus qui n'est pas nécessaire mais dont on n'a pas envie de se priver qui vient compléter un repas déjà fort riche.
Et Toy Story 4 est ce petit bonbon, il est rigolo, sublime, touchant, n'a pas pour vocation de faire plus incroyable que le troisième opus, il ne cherche pas à être le plus Toy Story des Toy Story. J'aime ces jouets, j'ai envie qu'ils soient heureux et je me suis bien amusé à leurs côtés, cœur sur eux <3


Loin de moi l'idée de me lancer dans une critique du film, je suis trop flemmarde pour ça. Par contre, un des thèmes abordés par le film et même la franchise m'a donné envie de chatouiller le clavier. La saga regorge de jouet en tout genre et notamment de jouets cassés qui sont des personnages avec un handicap souvent physique. Souvent secondaire dans la saga, le quatrième opus les met davantage à l'honneur.


Dans le premier film, la notion de jouet cassé n'est pas vraiment abordée. Certes, il y a les expériences douteuses de Sid mais le film ne s'intéresse jamais à leur condition. Ils ont l'air d'aller plutôt bien malgré ce qu'ils ont vécus et ce sont eux qui aideront Woody. Y a aussi Buzz qui perd un bras mais à part pour la vanne, ça ne va pas plus loin. On rattache et ça repart.
Toy Story 2 devient plus intéressant sur le sujet. Woody voit son bras en partie déchiré accidentellement par Andy et se retrouve sur une étagère aux côtés de Siffli, un autre jouet cassé qui a perdu son sifflet. Il vivra une peur de l'abandon à cause de sa condition ce qui vachement intéressant mais cette question est vite mise de côté par un petit coup de couture et un nouveau sifflet. Ton handicap te freine, t'as peur d'être abandonné par les autres à cause de ça ? Répare-toi haha. Rien de foufou donc même si le fait de voir Andy réparer Woody parce que ce dernier a toujours été là pour lui, c'est quand même un peu touchant :')


Alors que Toy Story 3 n'aborde pas la question des jouets cassés (y a Madame Patate qui perd un œil mais à part ça ...), Toy Story 4 le remet sur le devant de la scène avec plusieurs personnages. Bo la Bergère, en plus d'être un jouet perdu et fière de l'être, a un handicap puisqu'elle a un bras cassé et son traitement est plutôt bien foutu. Même si le handicap n’est pas visible aux premiers abords, ça lui arrive que son bras se détache comme montré dans une scène assez drôle. Et c'est beau de voir un personnage vivre avec notamment en ayant un rouleau de scotch à disposition. Le film a l'intelligence d'éviter de transformer ce handicap en "super-pouvoirs" genre elle est capable de contrôler son bras à distance une fois détacher. Un trope bien naze que vous avez sûrement déjà vu genre l'aveugle capable de voir ce que les valides ne peuvent pas voir ... Après y a aussi Doug le zèbre qui s'est fait arracher sa moitié du bas par le chat et qui le prend avec philosophie ...
Puis après ça vire chocolat. Disney nous a habitué ces dernières années à des récits contradictoires, que ce soit Jasmine qui clame que rien en la fera taire 2 scènes avant de se faire clouer le bec, ou bien la famille Banks qui apprends que le plus important, c’est la famille et non les biens matériels avant de célébrer le bienveillant capitalisme qui leur a sauvé leur maison. Toy Story 4 n’échappe pas à la règle. Déjà par le formidable Duke Caboom, personnage incapable de réussir un saut qui finit par réussir le plus ouf de tout les sauts …. Okay … Et si Forky nous apprend que l’on peut être imparfait et malgré tout être aimé, ce n’est pas le cas de Gabby Gabby, jouet à la boîte vocale cassée et qui enviera celle de notre bon vieux cow-boy avant de pouvoir enfin être aimé d’un enfant. Elle finira par l’acquérir en convaincant Woody, elle se répare et « guérit » de son handicape mais le récit nous surprendra dans un premier temps lorsque Harmony, la petite fille de l’antiquaire, refuse de jouer avec elle malgré qu’elle soit réparée. Mais dans un second temps, alors que Gabby Gabby apercevra une jeune fille en pleurs, elle tentera de la consoler. Elle finira par se faire adopter grâce à la boîte vocale de Woody. Et à mon sens, cela pose un gros problème. La petite fille aurait-elle adopté le jouet si Gabby Gabby sans la boîte vocale de Woody ? Nul ne le sait mais reste que le film renvoie un message montrant un personnage réparer son handicap pour se faire accepter. Un type de personnage encore vu récemment dans « Pokémon : Détective Pikachu » (et on me souffle dans l’oreillette que c’est le cas aussi dans Shazam mais j’ai po vu).
Et s’est d’autant plus dommage qu’avec Bo et son bras cassé, le film se débrouillait bien et apportait vraiment quelque chose à la franchise et qu’en plus, cela aurait pu être facilement amélioré. L’enfant n’avait pas forcément besoin de la boîte vocale pour aimer Gabby Gabby. Ou encore, imaginer la puissance émotionnelle si la petite fille apeurée dans la fête foraine avait été muette comme Gabby Gabby ! Une enfant avec un handicap se reconnaissant dans un jouet cassé. Le message aurait été fort et pertinent.


Toy Story 4, c’est quand même sympa mais c’est aussi une belle occasion manquée. En France, c’est 24% de la population active est considérée comme handicapée. Il est temps pour Disney et même Hollywood d’apporter plus de soin aux messages de leurs films, surtout quand ceux-ci sont destinés aux enfants. Je ne cherche pas ici à défoncer le film, sinon il n’y aurait pas 8 étoiles jaunes au-dessus de ce pavé. Bien qu’imparfaite, la tentative est louable et je suis sûre que certaines personnes trouveront Gabby Gabby touchante. Mais il est nécessaire, même pour un film qu’on apprécie, de rappeler le chemin qu’il reste à faire. Pixar a déjà abordé des thèmes similaires dans d’autres films avec plus de succès comme avec Nemo et sa nageoire. Mais au final, oui y a quelques pépins, c’est important de le noter pour les prochains repas mais en attendant, je me serais bien rempli la panse <3

Créée

le 18 avr. 2020

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