Trapped
Franchement, si je peux dire qu'une œuvre a changé ma vie, Trapped est le film ultime. Tout dans ce film est parfait.
Tout commence dans un silence, tel le calme avant la tempête, tempête étant bien sûr le formidable talent de réalisation du sieur Gaché. C'est alors qu'intervient l'élément perturbateur, un vol. Je pense que cette action représente bien plus que ce que l'on croit, le vol étant l'expression d'une société consommatrice et consanguine, exerçant sur les personnages une pression permanente, le vol étant ce qui en découle, le résultat symbolique d'une France insoumise.
On remarque d'ailleurs avec quel brio Mouais filme la poursuite qui s'ensuit, surtout quand le portable, symbolisant le moyen de communiquer des personnages, devient le fruit du délit.
Le réalisateur est un fou maniaque, regardez son sens du détail, il a réussi à dénicher des acteurs exceptionnels, rien que ceux qui ne font que de la figuration, observez bien les chutes des deux excellents acteurs en fond de plan, ils tombent avec une telle justesse, une telle précision dans les mouvements, nous ne pouvons que saliver le retour de Gachette. C'est un réalisateur qui a une observation quasi anatomique des corps.
S'ensuit une course poursuite infernale à travers le décor Kafkaïen (je pense reconnaître les rues parisiennes de mon enfance !), qui finiront par une fatigue des personnages, qui suent tels des porcins après une course endiablée. C'est alors qu'intervient la colère, la vengeance, la frustration, celle qui indécis et qui écrase les cœurs.
Nous arrivons là au creux de l’œuvre, là où la violence est à son paroxysme, c'est l'apothéose de la réalisation exceptionnelle de Mou Chouquette.
Surtout quand interviennent les armes, représentation existentielle des larmes perlant sur le corps languis des personnages attristés par leur existence.
Mais je ne dois pas vous spoiler la fin. Profitez de ce film, apprenez à l'aimer comme je l'ai découvert.
Pedro Sanchez sera compris comme étant l'un des grands réalisateurs de ces prochaines années, adoubé au Panthéon des génies de l'image mouvante qu'est le cinéma.
Si son prochain film n'est pas présenté en compétition officielle à Cannes l'année prochaine, l'incompréhension sera au rendez-vous.
Merci Pedro.