Amateurs de Fantastique pur, ce Triangle, inédit - à ce jour - de Christopher Smith est pour vous !

Le pitch étant pour le moins complexe, même pour le point de départ, je m'en remets donc à l'excellent Cédric Delelée de Mad Movies qui l'a déjà rédigé mieux que je n'aurais pu le faire:

"Après s'être mangé des tartes par les vampires de 30 jours de nuit, Melissa George voit une mouette s'emplafonner sur le pare-brise de sa voiture : c'est sur ce funeste présage que s'ouvre Triangle, le thriller maritime et surnaturel de Christopher Smith (Creep, Severance) produit par Icon, la boîte de Mel Gibson. Et qui dit triangle dit Bermudes : c'est donc dans cette zone maudite que la jolie Jess et ses amis (dont Liam Prédictions Hemsworth) partent en croisière. Après avoir essuyé une terrible tempête qui fait chavirer leur yacht, ils parviennent à se hisser à bord d'un paquebot surgi de nulle part. Ils en explorent les couloirs, en vain : le navire, dont toutes les horloges se sont arrêtées, semble avoir été brusquement abandonné par son équipage et ses passagers. C'est alors que Jess commence à avoir l'étrange impression d'être déjà venue sur les lieux, et qu'un inconnu cagoulé armé d'un shotgun entreprend de supprimer les naufragés..." (Source Mad Movies.com)

Aller plus avant dans le pitch reviendrait à en dévoiler de nombreuses surprises et donc à nuire à la jouissance pure qu'il procure. Je n'irais donc pas jouer les vilains spoilers et je vous encourage à voir le film aussi vierge que moi de son sujet, vous n'en serez que davantage emballé.
Si c'est le cas, n'allez pas plus loin dans la lecture et faites moi simplement confiance...

Après le métro londonien de l'excellent survival Creep, le bus de l'hilarant autant que terrifiant Severance, voici donc les bateaux de Triangle qui semblent confirmer l'attirance de Christopher Smith pour la terreur dans les moyens de transport !

Le film démarre sur un mode surnaturel plutôt soft, qui évoquerait un peu Le Poids de l'eau de Katryn Bigelow (sans la tension sexuelle) naviguant dans une zone de turbulences aussi soudaine que violente et brève. On se dit que l'on vient d'embarquer à destination du triangle des Bermudes et que la survie passera par le gilet de sauvetage...

Puis arrive l'inquiétant paquebot : L'Aeolus. Nom grec du Dieu des vents Éole...
Les survivants du naufrage montent à bord de ce palace flottant et fantôme évoquant rapidement un autre classique: Shining. Au lieu d'être bloqués par les neiges, les protagonistes sont coincés au large, dans ce paquebot de luxe des années 30, sans âme qui vive - au premier abord, en tous cas - dans son dédale labyrinthique de couloir.


Puis, changement de cap dans le récit: un tueur apparait et dégomme rapidement tout ce qui bouge, les héros meurent les uns après les autres. Mais qui est ce mystérieux tueur ?
Ne sont-ils pas tout simplement en train de s'entretuer ?
Et quelle malédiction impose au temps de s'arrêter puis de se réactiver comme un disque rayé ?

Le film est d'une complexité rare dans le genre et ne craint pas de perdre en route son spectateur pour mieux lu redonner les clefs plus tard.
On retrouve la même mise en abyme du récit que dans Time Crimes, film très malin sorti il y peu en DVD (voir critique sur ma page) mais sans l'humour noir et la fantaisie ludique du film espagnol.
ici l'atmosphère est nettement plus sombre et semble aller de plus en plus vers un noir crescendo.

La mise en scène éclatée (même si le récit est linéaire) est répétitive mais fait preuve d'un véritable savoir faire et d'une admirable efficacité et elle parvient à évoluer d'une surprise à l'autre en nous perdant suffisamment pour que le mystère s'épaississe et en nous réservant les surprises les plus inattendues et les plus macabres jusqu'à un dénouement totalement noir et désespéré.

Dans ce personnage à facette multiple, Melissa George convainc de bout en bout et elle porte le film entier sur des épaules aussi solides que sexy, à l'instar de grandes héroïnes combatives mais solitaires façon Ripley dans Alien (une constante chez ce cinéaste)

Et à mesure que le récit s'éclate tel un miroir brisé on comprend que cette héroïne tourne en un cercle terriblement vicieux dont il lui sera difficile de sortir car les vagues la ramèneront chaque fois à son destin funeste.

Comme poussée par le Dieu Éole auquel le film se réfère très directement...

"Nous gagnons Éolie, où le fils d'Hippotès, cher aux dieux immortels, Éole, a sa demeure. C'est une ile qui flotte : une côte de bronze, infrangible muraille, l'encercle tout entière ; une roche polie en pointe vers le ciel. Dans une vaste caverne, Éole tient enchainés et emprisonnés les vents, qui s'efforcent de fuir, ainsi que les tempêtes bruyantes."
Homère - L'Odyssée -

Quand Ulysse revint de Troie, son bateau fut secoué par une violente tempête. Mais Éole lui donna un sac où étaient enfermés les vents contraires. Comme Éole le lui avait recommandé, Ulysse ordonna à ses compagnons de ne pas ouvrir ce sac. Malheureusement, ses compagnons voulurent voir ce qu'il renfermait et l'ouvrirent ; les vents contraires s'échappèrent alors précipitamment et se déchainèrent en tout sens. Ils perdirent le contrôle du bateau et revinrent à l'ile d'Éole, m ais cette fois le Dieu du vent les chassa vertement pour lui avoir désobéi et refusa la demande d'Ulysse de le faire repartir à Ithaque.

Jess trouvera-t'elle les bons vents pour revenir à terre et retrouver son jeune fils autiste ou des vents contraire la ramèneront elle chaque sur Aeolus affronter un si terrible destin ?


Un film captivant, brillant, profond, terrifiant, maitrisé et d'une belle originalité qui confirme et dépasse tout les espoirs placé dans ce jeune réalisateur anglais, décidément très prometteur.
A découvrir...

Créée

le 9 août 2014

Critique lue 595 fois

3 j'aime

Foxart

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