" Après cela, seigneur, je ne vous retiens plus "
Soyons clairs ; l'intérêt de Troie n'est ni d'adapter L'Illiade, ni de percer profondément la mythologie grecque, ni de donner forcément envie de découvrir. Car en effet, il peut surtout susciter le besoin d'approfondir, tant il comporte de libertés et de passages à la trappe d'évènements (Le siège dure à tout casser deux semaines, Pâris s'y prend cinquante fois avant de trouver le talon d'Achille, Agamemnon est tué par Briséis et non par Clytemnestre, donc adieu l'Orestie, Andromaque s'enfuit donc adieu Pyrrhus et Oreste — ce dernier n'a jamais eu beaucoup de chance de toute façon). Aucune dimension tragique ou politique, le mythe est passé à la sauce hollywoodienne dégoulinante.
Mais, parce qu'il s'agit d'un film, d'un long péplum qui plus est, il met en image le mythe. Certes, les héros et les conséquences de leur héroïsme ont été illustrés par les représentations de tragédies antiques puis classiques, si les peintres se sont appropriés la mythologie pour la sublimer. Mais les moyens techniques du cinéma, surtout d'Hollywood, avec un tel casting, permettent une projection réaliste bourrée de détails, qui permet de mettre un visage sur les noms. Sympa de penser à Boromir à chaque fois que je parle d'Ulysse et à Legolas pour Pâris d'ailleurs, à croire qu'ils sont destinés. Enfin, il rend concret un mythe si longtemps sujet à fantasmes, à croyances à doutes ; il le fait à sa manière, certes, mais c'est assez pour lui accorder un mérite héroïque.