TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE (17,2) (Arnaud Depleschin, FRA, 2015,120min) :


Un drame absolument divin, ardent qui n'est pas près de faire Fanny, une puissance digne d'une tragédie grecque à l'influence Truffaldienne qui se pose déjà comme un classique de part son ampleur, la diction du texte très littéraire et par des scènes absolument magistrales. En effet, Arnaud Depleschin a trouvé son "Antoine Doinel" et nous plonge avec délectation dans la vie de Paul Dédalus en trois chapitres correspondant aux souvenirs : L'enfance (comme un conte fantastique voire horrifique auprès d'une mère méchante ou possédée),voyage scolaire à Minsk (véritable et délectable film d'espionnage) et sa rencontre et passion amoureuse avec Esther le plus souvent épistolaire, le réalisateur joue magistralement avec les genres utilise des procédés comme l'Iris qui concentre l'attention du spectateur, le split screen où les scènes où comme une confidence les acteurs s'adresse à la caméra ou à leur propre conscience. Une élégance et un phrasé qui peut surprendre mais l'artiste nous prend par la main, avec cette oeuvre brillamment construit comme un puzzle mémoriel et sentimental qui s'immisce petit à petit en nous pour nous chaviré d'une profonde émotion face à ces personnages qui se comportent comme des héros de leur propre vie, les acteurs sont tous remarquables (Quentin Dolmaire magnifique alter ego du cinéaste et l'éblouissante Lou Roy Lecollinet en "Esther" jeune fille fragile et "exceptionnelle") la jouent subtilement très "Nouvelle vague" ce qui détonnent des productions actuelles, ce charme suranné pour certain à travers ce teen movie apporte une fraîcheur qui nous transporte vers l'ivresse, et on se prend tous pour des Ulysse retrouvant sa Pénélope...Laissez vous emporter par ce souffle romanesque et mélancolique qui s'entrechoqueront avec vos souvenirs personnels, refléter par cette pièce en trois actes, tragique, passionnant, solaire et sombre, comme certains de nos vécus enfouis dans les méandres de nos mémoires, rangé dans nos tiroirs sensoriels, à côté de nos illusions perdues...Un poème bouleversant, une merveille d'intelligence à savourer, qui s'infiltre délicieusement dans les âmes...

seb2046
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le 21 sept. 2016

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