De Desplechin, je ne connaissais que son Rois et Reines que j’avais adoré à l’époque de mon visionnage. Et Trois souvenirs de ma jeunesse m’a donné une nouvelle fois l’envie de poursuivre sa filmographie, c’était vraiment bien. J’ai trouvé ce film très juste dans l’écriture des personnages car leurs réactions semblaient très vraies, ancrées dans le réel, malgré le côté décalé de l’interprétation. La diction des acteurs est théâtrale et si je ne suis pas forcément un fanatique absolu du procédé, celui-ci m’a bien convaincu ici. Quand on y repense, ce genre de jeu permet aussi de mettre en valeur notre belle langue française et de la sublimer à l’écoute. Mais surtout le plus important c’est que j’ai cru aux personnages, j’ai cru en Paul Dédalus, j’ai cru en Esther et ceci grâce à leur côté vrai.
Ce film est teinté d’une nostalgie que j’ai trouvé vraiment touchante pour ma part, d’autant plus que l’action principale du film se déroule à deux pas de chez moi. Comme le titre l’indique, le film est l’illustration de trois souvenirs de jeunesse dont les temps accordés à l’écran s’avèrent toutefois déséquilibrés. La partie sur l’enfance est celle qui passe le plus rapidement bien qu’elle dégage quelque chose de terrifiant, d’indélébile dans l’esprit d’un gamin. La seconde partie avec l’excursion en URSS apporte une dimension aventureuse au film avec une sensation de péril vraiment prenante. C’est aussi la variété des situations qui m’a fait aimer le film car celui-ci réussit très bien à représenter à l’écran la sensation du souvenir d’une jeunesse tourmentée.
Le troisième chapitre est le plus intéressant dans ses thématiques mais je l’ai toutefois trouvé un peu longuet et redondant. Mais c’est le plus passionnant car il parle de l’amour à l’adolescence, quelque chose qui nous a tous touché je pense, qu’elle que ce soit la manière dont celui-ci s’est exprimé. La relation entre les deux personnages semble irréelle mais si vraie en même temps car le film n’est pas avare en séquences de grande tendresse où une belle émotion se dégage de l’écran. Et Desplechin n’hésite pas également à proposer des scènes aussi audacieuses qu’intenses. Celle de la première fois est juste exceptionnelle car il y a une tension sexuelle folle et que la séquence dure, elle semble ne jamais s’arrêter, elle est pure, simple, belle. Histoire de glisser un petit tacle, Boyhood de Linklater qui avait totalement occulté cet aspect-là peut aller se rhabiller. C’est pourtant quelque chose d’important dans la jeunesse, la découverte de l’amour, le premier rapport sexuel. Et Desplechin illustre ce temps fort à merveille.
Mais comme je l’ai dit précédemment, j’ai trouvé ce chapitre (qui est aussi le plus long) assez redondant sur la fin. Finalement il n’y avait plus de surprise à un moment, le souvenir semblait s’enliser et tout ce qui s’en dégageait en termes d’émotions aussi. Dommage donc que mon intérêt ne se soit pas maintenu à haut niveau durant tout le film, j’ai légèrement décroché vers la fin. Toutefois, il serait vraiment injuste d’occulter toutes les belles qualités dont le film fait preuve et qui font que j’ai vraiment beaucoup aimé dans son ensemble. Le voilà le bon cinéma français que j’aime, celui qui ose, qui propose une lecture passionnante sur ce que nous sommes ou ce que nous étions. Un beau film.