La sortie en 1982 du premier Tron se révéla être une véritable révolution, une vision incroyablement futuriste d'un monde virtuel au cœur même d'ordinateurs que ne possédaient pas les spectateurs de l'époque. La raison même de son échec fera son succès des années plus tard, à une période où les gens étaient enfin prêt à accepter l'œuvre de Lisberger. L'idée de faire une suite au premier Tron ne date pas d'hier, elle commença il y a une quinzaine d'années quand commença le culte autour du premier volet, s'ensuivit plusieurs autres tentatives, toutes rejetées par Disney, jusqu'au jour où le succès d'un nouveau jeu vidéo Tron (Tron 2.0) décida Disney à lancer une suite et d'y mettre le néophyte Joseph Kosinski, 8 ans à l'époque de Tron, aux commandes.

Kevin Flynn a disparu depuis 20 ans, et avec lui le contrôle de la société Encom, son fils Sam est maintenant âgé de 27 ans et vit dans l'ombre de l'homme que son père a été. Un jour il reçoit un message de l'ancien bureau de son père, pourtant abandonné, à peine arrivé le jeune homme se fait téléporter dans la grille, comme son père autrefois Sam Flynn va devoir survivre à un monde devenu plus cruel et plus dangereux qu'il ne l'a jamais été.

Et rebelote, 27 ans après l'incroyable voyage Tron, voici sa suite : Tron legacy, un titre qui désigne autant l'héritage entre le père et le fils Flynn que l'héritage artistique laissé par le Tron de 1982 qui influença une lignée de films de science fiction et débuta l'ère des effets spéciaux numérique. De l'eau a coulé sous les ponts depuis ce temps là et si Tron fût une révolution, Tron legacy ne pourra être qu'une évolution. On réintègre, et en 3D, ce monde que nous avions quitté, nostalgique d'une authenticité devenue trop rare et soumise dorénavant au dictat de l'effet spéciaux et du tout numérique. Si bien que, 2011 oblige, la grille a évoluée, et quelle évolution ! Un Tron remastérisé de fond en comble, un design lumineux omniprésent, des costumes stylisés couleur néon, un univers technologiquement Matrixien et des combats de disques et courses de voitures nouvelles générations, tout ça combiné à la musique tapageuse de Dafts Punks sortis tout droit du plus bruyant de leurs concerts live.

On ressort abasourdi d'un tel spectacle, une grosse migraine à la clé et l'impression de sortir d'une énorme boite de nuit. Assourdissant, bruyant, éblouissant, Tron legacy est un magnifique jouet qui fait du bruit et qui ne s'arrête jamais, tel un gosse que l'on entend crier et dont on rêve de mettre une claque. Tête à claque, oui, c'est ainsi que l'on pourrait définir ce Tron 2.0, car un immense sentiment de vide et de gâchis ressort de cette production, pas qu'elle ne soit pas aboutie, car elle l'est, mais rien ne transparait de cette expérience aux confins de l'imaginaire conçu par Lisberger, tout juste la forme, mais le fond...

Walt Disney Studios Motion Pictures FranceCe Tron aux allures incomparables ressemble tout de même étrangement à du comparable : Matrix, et de manière troublante, qui n'a pas eu pas l'impression d'être au cœur même du monde des machines ? Ou même de Star Wars dont il empreinte à son tour certains codes visuels, une référence dont se targuait aussi le premier Tron, mais de manière infiniment plus discrète, et surtout elle proposait autre chose à côté : un humour, une humanité, une histoire, une originalité, autant d'éléments absents de sa suite dont l'inhumanité et l'absence d'humour manquent cruellement. Si Tron était une révolution, sa suite elle, est une régression.

Même son casting ne sauvera pas la mise, on constate pourtant les retours presque 30 ans plus tard de Jeff Bridges (Kevin Flynn/Clu) et Bruce Boxleitner (Alan/Tron), un duo autrefois magnifié par Lisberger mais ruiné par Kosinski, Bridges s'est transformé en maitre Jedi et Boxleitner en homme invisible. On ne comptera pas non plus sur la prestation du beau Garrett Hedlund pour élever le niveau, de la même manière qu'on attendra rien de la présence « pot de fleur » du canon Olivia Wilde. Parce que oui, tout est beau, des acteurs aux effets spéciaux en passant par la 3D et le design ambiant, Tron est une vraie blonde : c'est baisable mais tellement vide...

Avec un budget 17 fois supérieurs à son prédécesseur, Tron legacy arrive à faire 17 fois moins bien, la cause notamment à un scénario (quel scénario?) qui ne prend aucun risque et reprend les idées principales du premier tron (la création qui échappe au créateur). Un déjà vu navrant noyé dans un océan de désintérêt sidérant, le sort des personnages nous est égale, on se contrefout d'une histoire qui n'existe pas, et on cherche désespérément le semblant d'originalité qui pourrait jaillir de cet immense capharnaüm. Sans oublier sa longueur, c'est long, mais qu'es que c'est long... laissez moi sortir de cette discothèque ! Ha c'est un film ? Autant pour moi.
Nicolas_Chausso
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le 10 juin 2013

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