Révélée par Kechiche dans la Graine et le Mulet, Hefsia Herzi reprend les préceptes de son ancien metteur en scène. Elle livre un cinéma vérité touchant et sincère, avec ses scories (caméra à l’épaule épuisantes, dialogues parfois approximatif), mais fort d’une une vraie vision. Elle a quelque chose à raconter, et elle le fait pleinement. La jeune réalisatrice se met en scène dans cette histoire de cœur brisé par un amour toxique, et la recherche, vaine ou non, désirée ou pas vraiment, de la rémission et de l’oubli. On la suit au grès des rencontres et des expériences nouvelles. C’est authentique et d’une grande justesse, Herzi évitant même la complaisance dans laquelle s’égare souvent son mentor. Surtout elle maitrise de façon épatante le rythme de son long métrage, se montrant peu explicite sur les repères temporels mais toujours très compréhensible, donnant des indices du temps qui s’écoule dans ses dialogues et sa narration. A cela s’ajoute une très convaincante direction d’acteurs révélant l’excellent Djanis Bouzyani. Jolie première.