Desmond s'en va-t'en guerre, alléluia!

Après le retour de Mel Gibson en haut de l'affiche dans le navrant Blood Father, on le retrouve derrière la caméra, dix ans après Apocalypto. Une oeuvre inspirée d'une histoire réelle se déroulant au cours de la seconde guerre mondiale avec Andrew Garfield dans le premier rôle.


Un drame en 3 actes.


Dans le premier, on découvre la jeunesse de Desmond Doss (Andrew Garfield), sa ville tranquille mais surtout son père (Hugo Weaving) ayant survécu à la première guerre mondiale. Il en est revenu détruit, se haïssant d'être en vie au contraire de ses amis d'enfance. Il s'est réfugié dans l'alcool et exprime sa douleur par la violence dont sa femme (Rachel Griffiths) en est la principale victime. Une situation qui déteint sur les deux frères, passant leurs temps à se battre, jusqu'à...... Plus tard, Desmond va croiser le regard de Dorothy Schutte (Teresa Palmer) et va en tomber amoureux, mais la guerre fait rage et il se sent dans l'obligation d'aider les siens. Des choix qui vont transformer sa vie.


La romance n'est pas mièvre, elle se greffe parfaitement à l'histoire. Par contre, Andrew Garfield commence à être agaçant en adoptant une attitude de benêt du village en s'exprimant comme une version périmée de Forrest Gump, n'est pas Tom Hanks qui veut. Sa piètre performance est sauvée par les seconds rôles tous excellents, avec Hugo Weaving en tête, du moins dans le premier acte. La réalisation de Mel Gibson maintient aussi son film dans la bonne direction, celle du second acte : la camp d'entrainement.


Dès qu'on voit un sergent instructeur, on pense forcément à l'immense et inoubliable R. Lee Ermey dans le classique de Stanley Kubrick : Full Metal Jacket. C'est le maître étalon, celui qui ringardise tout ceux qui ont tenté de rivaliser avec son hallucinante composition où le verbe était extrêmement fleuri. Aussi surprenant que cela puisse être, Vince Vaughn s'en sort très bien, en évitant d'être dans la même attitude. Certes, il a des points communs, mais se montre plus humain. Il rappelle aussi qu'il n'est pas qu'un acteur comique, il suffit de revoir le Psycho de Gus Van Sant pour s'en rendre compte ou la saison 2 de True Detective. C'est aussi une période où malgré des moments difficiles, on va rire, avant de se retrouver au cœur de la guerre.


La crête d'Hacksaw est le lieu ou se déroule le troisième et dernier acte. C'est là que Mel Gibson va donner la pleine mesure de son talent visuel, en nous plongeant dans l'horreur de cette bataille. Les scènes de combats sont superbement mise en scène, c'est du belle ouvrage. Enfin pas tout à fait, on passera sur les propos des soldats affirmant que les japonais sont des animaux puants et sournois. Mais pas sur la transformation de son héros en élu de dieu, implorant celui-ci de lui permettre de sauver encore et encore une autre vie. Humainement sa demande est forte, mais en montrant cet homme s'adressant constamment au ciel, il en devient ridicule. Cela pourrait s’arrêter là, mais Mel Gibson n'est pas du genre à faire dans la finesse. Il ne nous a pas épargné en nous montrant des corps décomposés et ensanglantés, il va faire de même avec son saint d'Hacksaw. Desmond marche au milieu des soldats, posant leurs mains sur lui, tel l'élu, avant de nous infliger une dernière scène guignolesque en le filmant comme s'il montait au ciel....


Sur le moment, on en rit jaune. Puis, avec le recul, on ne retient que son affligeante imagerie évangélique et la prestation grotesque d'Andrew Garfield. La puissance émotionnelle de l'oeuvre est étouffée par l'ego surdimensionné de Mel Gibson, incapable de se mettre au service de l'histoire en nous assommant avec ses croyances religieuses. C'est un immense gâchis, alors qu'on avait presque un grand film antimilitariste.


"En temps de paix, ce sont les fils qui enterrent leurs pères. En temps de guerre, ce sont les pères qui enterrent leurs fils" Hérodote, historien grec. Cette citation est prononcée durant le film. On ne peut qu'être d'accord avec celle-ci. Elle nous renvoie au début du film, au père errant auprès des tombes de ses amis et ne souhaitant pas voir ses fils avoir le même destin funeste. La guerre détruit des nations, des vies, des familles et la jeunesse. Un rappel qui est nécessaire en cette nouvelle période sombre de notre histoire, mais qui aurait eu un impact plus important sans son côté christique.

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le 17 nov. 2016

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Laurent Doe

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