Inspiré de l'histoire vraie de Desmond Doss, jeune américain, qui a voulu participer à la guerre du Pacifique tout en ne tenant pas d'armes.


La structure du film est calquée sur "Full metal jacket" de Stanley Kubrick avec une première partie consacrée à l'entrainement des soldats et ce qui s'en suit (désignation d'un bouc émissaire par la hiérarchie..) ; et une seconde partie de mise en situation avec la prise d'Okinawa et certaines des batailles qui s'y rattachent.


J'ai trouvé la première partie très intéressante. Touchante, la détermination du jeune homme tentant de convaincre l'armée américaine de l'engager sur le terrain, comme infirmier mais sans arme. Andrew Garfield est excellent dans le rôle cet homme fondamentalement gentil, convaincu de ses convictions, utilisant de tous moyens non violents pour parvenir à ses fins.


J'ai beaucoup moins aimé la seconde partie consacrée à la guerre "sur le terrain". Attention c'est très gore et réaliste. Mel Gibson est constamment dans un grand écart idéologique. Il s'engage et s'engouffre dans deux directions, positions totalement antagonistes.


A aucun moment, il ne remet en question le bien fondé de la guerre entre le Japon et les USA, ou du monde libre contre les nazis, il ne remet pas l'idée de la guerre en question, ici on y voit une guerre "juste". Pourtant il montre à quel point ça a dû horrible et met en valeur le commandement "tu ne tueras point". Ce n'est pas un film anti-guerre, mais pourtant il est question de ne pas tuer.


Je n'ai pas du tout aimé la fin de ce film très prosélyte (pourquoi pas), mais dans une situation qui ne s'y prête pas du tout, une ultime bataille meurtrière au possible. Ca m'a donné la nausée. Je ne vois rien de "Christique" dans une telle boucherie.


Pour pouvoir apprécier le film, je pense qu'il faut s'en tenir au parcours individuel de cet homme exceptionnel, Desmond Doss, qui a juste voulu faire la guerre à sa façon, et fermer les yeux sur les messages que veut faire passer Mel Gibson.


C'est un peu l'antinomie du film de Clint Eastwood, "American sniper", pour moi un chef d'oeuvre du genre. Dans "American sniper", le héros cherche aussi à sauver des vies, mais lui accepte le jeu de la guerre, il accepte de tuer, il n'en sort bien sûr pas indemne. Mais à partir du moment où on accepte une guerre, est-il vraiment possible de rester indemne, de garder "les mains propres" : c'est une question posée par les deux films. Je trouve que Clint Eastwood pose la question avec davantage de finesse.

AnneM
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le 13 nov. 2016

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AnneM

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