La première partie du film est très dispensable car beaucoup trop conventionnelle. Les différents événements sont cousus de fil blanc et suivent un schéma loin d'être singulier. La romance est bien mignonne (Teresa Palmer y est pour beaucoup, cela fait très longtemps que je n'étais plus instantanément subjugué à l'écran par une beauté si pure) mais plutôt inutile puisqu'elle n'aura plus jamais aucun échos par la suite. Tout l'intérêt du récit se dévoile véritablement au moment où l'objecteur de conscience se trouvera face au tribunal militaire, moment clé et symbolique si l'en est du combat que s'apprête à livrer le personnage d'Andrew Garfield. Ce dernier livre une prestation en demi-teinte, passant du niais romantico-vomitif très agaçant à l'homme obstiné par ses valeurs salutaires. Il prend, comme le film, une toute autre dimension une fois lancé sur le champ de bataille, qu'il s'appropria a sa manière follement particulière. Cette seconde partie scotche au siège comme rarement, prend aux tripes, bouscule, dégoûte, glace d'effroi et m'a carrément fait tressaillir plus d'une fois. La mise en scène est tout simplement excellente, énorme, monstrueuse (ajoutez-y tous les autres superlatifs possibles), on s'y croirait et je pèse mes mots mais tout paraît horriblement réel. Certaines images sont carrément choquantes et reflètent parfaitement la folie meurtrière d'une guerre. Quand enfin la nuit tombe, le massacre se termine, on se dit que le répit prendra la place de la peur. Et c'est à ce moment que la ténacité de l'homme que l'on suit dépassera l'entendement en réalisant une action dont la valeur héroïque ne trouve littéralement aucun égal. Et alors là, l'expérience est longue, dure, n’en finit plus, elle côtoie l’invraisemblable à chaque seconde. Elle est telle qu'il est impossible de ne pas avoir la gorge nouée. On se met à penser que l’on en verra jamais la fin. Desmond Doss quittera pourtant bien cet enfer, verra ses prières plus d’une fois entendues. Vient alors enfin le moment de relâcher toute cette pression accumulée, dans de grosses larmes chaudes, précisément à l’instant même où le héros trouvera son repos.
La puissance émotionnelle est tout bonnement unique en son genre.
Que reste-il ? Le clap de fin sur une envolée. Puis le générique. Tient, des témoignages... Et là, on réalise que tout est vrai.
Mel Gibson m'a tué.