Tutoriel pour passer d'un film de guerre/histoire vraie à de la propagande assumée.

Mel Gibson a pu nous habituer à franchement mieux. Je n'ai rien contre le fait de faire un film entièrement versé dans le christianisme quand il s'agit de raconter les derniers jours du christ mais pas dans ce genre de film.


Le parangon de la vertu
Le héros, Desmond Doss apparaît comme le chevalier du christ, imperturbable dans sa quête de ne pas toucher une arme et ce même au beau milieu de la pire boucherie du siècle.
Ça commence tranquille, le petit Desmond fils d'un ancien combattant de 14', apparemment issu d'une famille chrétienne assez intégriste, se passionne pour la non-violence après quelques expériences que je tairai pour laisser quand même un peu de suspense. Il grandit et finit par rencontrer celle qui deviendra la femme de sa vie. On a le droit aux typiques scènes nian nian qui s'imposent dans la production hollywoodienne. Et puis c'est parti nous voilà immergé dans une mauvaise parodie de Full metal jacket, avec le typique sergent un peu vache, le parcours du combattant, les exercices de tirs etc. Ensuite on nous parachute directement dans une mauvaise parodie de Mémoire de nos pères (on a échappé au trajet en bateau c'est déjà ça), un vrai carnage. Et dans cette boucherie notre bon Desmond (que les balles semblent vraiment éviter) va sauver les soldats américains (qui eux ont une facheuse tendance à intercepter ces mêmes balles). Les scènes de guerre sont loin d'être captivantes (du niveau de The pacific je dirais) mais notre héros est imperturbable dans cette situation, ne se remet pas en question et continue dans sa quête de bonté.... et puis c'est fini
Dans tout ça on comprend quoi ? Que Desmond n'a pu faire ça que grâce à Dieu ? Que Dieu lui faisait éviter les balles ? Non mais franchement faudrait songer à arrêter de faire ça en 2017, ça passait encore y'a 30 ans mais là... La seule fois où le christ ressuscité va être blessé c'est quand sa bible tombe de sa poche ! On a le droit a un genre d'entrée de Jésus dans Jerusalem quand Desmond revient au campement, avec la caméra qui passe au milieu des rangs des soldats qui la regardent comme le Messie..


Les japonais, parangons de l'animalité
La aussi une subjectivité mais vraiment totale. En 2017 on fait passer les japonais pour des bêtes inhumaines au possible. Alors je veux bien que l'objectif soit de dépeindre la vision que les américains en avaient en 1944/45, c'est bien ce qu'a fait Clint Eastwood dans Mémoire de nos pères, sauf que lui il a fait aussi le film en sens inverse (Lettres d'Iwo Jima) pour présenter les deux points de vue et éviter de faire de la propagande digne des films des années 50.. On a quand même le droit à un seppuku (hara-kiri) à la fin je le concède, mais ça suffit vraiment pas.
Non mais sans blague, à un moment une charge massive des japonais repousse les américains, leur donnant ainsi accès à l'échelle de corde qui permettait aux américains de monter. Eh bien n'importe quel débile même à peine sorti de ses classes aurait coupé cette échelle pour bloquer l'accès aux américains. Eh bien là non, faut croire que les Jap' aiment l'acrobranche...
Le cliché ultime a même été atteint ; les japonais qui hissent le drapeau blanc mais qui au dernier balancent leurs dernières grenades sur les américains, leur valant une bukkake de balles..
La fin nous rappelle même la série Band of brothers, avec le rappel que c'est une histoire vraie (images d'achive blabla) et le témoignage d'anciens combattants.


Bref, bien que l'histoire soit poignante et même émouvante, on a vraiment l'impression de regarder la Passion du soldat Ryan. Amateurs de films de guerre passez votre chemin, sinon ça se laisse regarder mais sans plus quoi

Bridgemaker
4
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le 6 avr. 2017

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Bridgemaker

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