Avec seulement deux films à son actif, Kim Seong-hun a déjà tout d’un grand réalisateur. Après la merveilleuse surprise Hard Day en 2015 (c’était mon film de l’année), il nous revient cette année avec Tunnel en délaissant le polar noir pour le film catastrophe. D’un film de genre à l’autre, le réalisateur coréen ne perd rien de sa maîtrise technique dans la transition et nous propose un film bluffant d’ingéniosité de bout en bout. Du film catastrophe, il ne retient que l’événement déclencheur du récit, le simple effondrement d’un tunnel, pour partir par la suite dans la droite lignée d’un Buried. Car avec une catastrophe à petite échelle, le réalisateur nous prouve que l’on n’a pas besoin d’un déchaînement climatique sans précédent et caractéristique des films Hollywoodien, pour tenir en haleine le spectateur.
La scène est courte, mais tellement prenante que l’on se retrouve rapidement dans le même état d’esprit que le protagoniste principal. Entre dramaturgie et claustrophobie chronique, la tension ne nous lâche qu’à quelques instants pour suivre la société coréenne à l’extérieur du tunnel. On y suit autant les sauveteurs, la femme du « héro », que les politiques ou les journalistes. Le film se transforme alors en une critique de la société moderne à grande échelle. La preuve par une scène en particulier, où les journalistes empiètent sur le terrain des sauveteurs au risque de perdre la victime. Une critique dépassant les frontières coréennes pour s’adresser au monde entier et c’est précisément ce qui marche autant dans Tunnel. Le récit peut se passer n’importe où, chez nous ou ailleurs, il sera toujours aussi percutant de réalisme. Un petit bijou qui ne souffre que d’un rythme un peu long par moment. Après Dernier Train pour Busan l’année dernière, le cinéma coréen est loin d’avoir fini de nous faire vibrer !
Coffee Quest