Tyrannosaur par Hugo Harnois
Tyrannosaur, le titre résume le film à lui seul. Contrairement aux apparences, il ne s'agit pas de Joseph, un homme impulsif d'une cinquantaine d'années qui ne crache pas sur la bouteille, mais du surnom qu'il donnait à sa femme, décédée du diabète depuis quelques années. Il va rencontrer après une rixe Hannah, une femme pieuse qui va tenter de l'aider. Tenter car le bougre ne ne laisse pas approcher facilement. C'est d'ailleurs ce qui fait tout son paradoxe puisqu'il la fuit autant qu'il cherche son soutien.
Dans une ambiance terne et grise où l'aspect industriel de Glasgow l'emporte sur les paysages colorés de l’Écosse, Considine se plaît à filmer ses personnages au plus près en débutant certaines séquences par de (très) gros plans sur les visages de Joseph ou Hannah. Dans quel but ? Celui de saisir la douleur et la souffrance qu'ils tentent de cacher tant bien que mal. Ces deux êtres n'ont pas de dignité ni d'amour-propre. Quand le premier crache ses maux sur la terre entière, la seconde subit en silence en s'accrochant à un dieu qu'il l'a oublié. Ces deux caractères diamétralement opposés vont réussir à se comprendre, donnant à l'œuvre des allures sensible et parfois cruelle.
Porté par un Peter Mullan toujours en grande forme qui enchaîne des rôles assez torturés depuis quelques films (Neds, Boy A, Cheval de guerre), Tyrannosaur ne révolutionne pas le genre dans lequel il a pourtant le mérite d'être crédible et sincère.