Ce film n'était pas sur mon planning cinéma de la semaine, mais son affiche attirait mon regard et commença à attiser ma curiosité. Sa courte durée a fini par me convaincre de prendre place devant ce film mexicain, dont le réalisateur m'était inconnu. Après 13 Hours et avant Kung Fu Panda 3, Un monstre à mille têtes se révèle une bonne surprise et je suis ravi de découvrir Rodrigo Pla et Jana Raluy.


Un monstre à mille têtes est un roman de Laura Santullo. Elle est la scénariste de tout les films de son mari Rodrigo Pla et va elle-même se charger de l'adaptation de son oeuvre. Il s'agit d'une critique sociale et acerbe de notre monde actuel. Le sujet est traité à la manière d'un thriller dans une succession de prise d'otage dans divers lieux, menant jusqu'à un des sommets de la pyramide.


Ce monstre est une compagnie d'assurance refusant de prendre en charge le traitement pouvant sauver la vie du mari de Sonia Bonet (Jana Raluy). Il est fatigué de se battre contre son cancer, mais sa femme ne veut pas baisser les bras et va faire tout son possible pour lui permettre de se soigner. Elle va franchir la limite pour arriver à ses fins, mais on ne peut qu'être en empathie avec cette femme en souffrance. Ses actions ne sont que des réactions face au manque de considération d'une secrétaire, un docteur, un directeur et les autres personnes faisant parti de cette compagnie. Elle se retrouve seule face à ce monstre, qui vit sur la santé des gens, en oubliant de prendre soin d'eux.


La réalisation de Rodrigo Pla colle à la douleur de cette femme ne voulant pas baisser les bras. Ses plans fixe montre la détresse de cette famille et son impuissance. Jana Raluy n'est pas seule dans son combat, elle est accompagnée par son fils Dario (Sebastian Aguirre Boëda). Il va assister au pétage de plombs de sa mère excédée par l'attitude du médecin préférant sa séance de squash, à la situation d'un homme en fin de vie. La caméra est dans les pas de la mère et du fils, en se glissant dans les différents endroits où ils vont devoir se rendre pour enfin obtenir le droit d'accéder au traitement. Cela se déroule avec le procès en fond sonore, permettant d'avoir le point de vue des différents protagonistes.


La tension est palpable. On ne peut qu'être du côté de cette famille en prise avec un monstre trop puissant pour eux. Le périple ne peut pas se terminer sur un magnifique coucher de soleil. Elle sait que ses actes vont avoir des conséquences dramatiques, mais la vie de son mari passe avant tout. Elle réagirait surement pareil pour son fils et on comprend son combat. Mais jusqu'où peut-on aller pour sauver une vie ? La question se pose, tout comme le fait d'embarquer un proche sur un chemin dangereux. On devine les répercussions, mais on a toujours ce désir de voir cette femme ordinaire venir à bout de cette compagnie.


Le drame est universel. Rodrigo Pla met cette histoire en scène avec talent et cela donne envie de voir La Zona, à la flatteuse réputation. Jana Raluy est une belle révélation, elle dégage diverses émotions et on est de tout coeur avec elle. Le cinéma mexicain s'exporte en France et c'est un plaisir de le découvrir à nouveau, après les œuvres de Luis Bunuel, Guillermo del Toro et Alejandro González Iñárritu.

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le 1 avr. 2016

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Laurent Doe

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