Un condamné à mort s'est échappé par Kroakkroqgar
On ne saura jamais vraiment quel crédit accorder à la mention en introduction indiquant que le film est tiré d’une histoire vraie, mais qu’importe : ‘Un condamné à mort s’est échappé’ est un film d’évasion vibrant.
Le film est d’une simplicité telle qu’on en vient à se demander comment le réalisateur s’y prend pour rendre son récit aussi vivant. Le cadre de l’intrigue est unique : la prison. De toute la durée du film, les seules images de l’extérieur de la prison se résument à l’introduction et au plan final. Au cours du récit, les fenêtres ne donnent pas sur le monde extérieur, mais filmées de l’extérieur, elles accentuent la condition prisonnière des personnages. L’œuvre ne propose pas non plus de véritable bande-originale, le silence est alors comblé par la voix-off de Fontaine, et ponctué par les bruits du pénitencier, nous plongeant en immersion totale dans le milieu carcéral. Par ailleurs, la répétition des plans dans la cellule, aux lavabos ou dans la cour permet au spectateur de s’approprier les lieux, et le cinéaste parvient finalement à l’enfermer dans la prison au même titre que les détenus.
Et parmi les détenus, il n’y a qu’un personnage principal. Le lieutenant Fontaine, sympathique et ingénieux incarne un héros plein d’espoir interprété par l’acteur François Leterrier. Avec un physique pourtant banal, Fontaine occupe l’écran et ne laisse pas la place aux personnages secondaires. Le film et son héros n’ont qu’un objectif, l’évasion, et rien ne pourra les détourner de leur objectif. De ce fait, l’œuvre ne propose pas d’intrigues annexes, et Fontaine n’établit pas de relations fortes avec ses camarades.
Comme son titre, l’œuvre est équivoque. On se doute très fortement de l’issue du film et le film va droit au but. On ne sait rien de l’extérieur, et on n’en saura rien l’évasion accomplie. Et avec un scénario aussi simple, un unique personnage principal et un lieu cloisonné, le film parvient à être rythmé, et intelligent. Les progrès de Fontaine, la minutie de son travail, la nécessité de sa discrétion : face au réalisme de son travail, notre curiosité initiale se mue très vite en crispation constante. Et même, à quelques mètres de son objectif, alors qu’il est paralysé par la peur, on ressent le doute du personnage comme si c’était le nôtre.
De la réalisation, on retiendra, en plus de l’unité de lieu qui caractérise l’œuvre, le travail phénoménale portée à la porte de la cellule. Dans notre esprit, il ne fait aucun doute qu’il s’agit du début à la fin du film de la même porte, et que le travail de sabotage effectué par Fontaine est authentique. Et si le cinéaste parvient à nous convaincre que l’acteur est réellement venu à bout de cette porte avec une cuillère, il n’y a rien à ajouter.
Un chef d’œuvre de l’évasion.