Lorsqu'il réalise "Trading Places", comédie sympathique mais à mon avis surestimée, John Landis a déjà connu le succès trois ans plus tôt avec "The Blues Brothers".
John Belushi étant décédé l'année précédente, Landis décide d'associer à Dan Ackroyd un acteur noir quasi débutant, en la personne d'Eddie Murphy.


La principale force de "Trading Places" réside dans son scénario simple et efficace, qui évoque l'âge d'or de la comédie hollywoodienne. En effet, deux vieux grigous de la haute finance de Philadelphie, les frères Duke, décident de faire un pari concernant la primauté de l'inné ou de l'acquis dans la réussite d'un homme, Randolph plaidant pour l'importance de l'environnement tandis que Mortimer mise sur la force de l'hérédité.


Pour vérifier leurs théories, ils mettent leur pouvoir au service d'un échange complet de situations entre deux êtres que tout oppose : leur employé Louis Winthorpe, un courtier snob et couard, se voit subitement privé de tous ses privilèges (emploi, logement, future femme...) au profit d'un SDF grande gueule et mythomane, Billy Ray Valentine, qui bénéfice soudain de tous ces avantages.


On assiste donc aux trajectoires inversées d'Ackroyd et Murphy, qui en font tous deux des tonnes dans leur rôle respectif, comédie débridée oblige. De même, il faudra n'attendre aucune vraisemblance dans les situations burlesques vécues par nos deux acolytes, Valentine comprenant par exemple les subtilités de la bourse en à peine une demi-journée.
"Trading Places" est donc un joyeux bordel, brouillon et loufoque, à l'écriture inégale, lesté de quelques séquences plombantes qui nuisent au rythme de la comédie.


Heureusement, la mise en scène dynamique de Landis, et le capital sympathie des comédiens (notamment des seconds rôles tels que Jamie Lee Curtis, Ralph Bellamy et Don Ameche) permet au film de rester plaisant.
Du moins l'était-il à sa sortie en 1983, car depuis certaines scènes ont affreusement vieilli, la faute au mauvais goût congénital des eighties (cf la séquence de fête avec les amis pique-assiette de Valentine) : d'où mon enthousiasme relatif pour un film qui aurait gagné à durer 20 bonnes minutes de moins.

Val_Cancun
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films sur l'économie et la finance

Créée

le 19 déc. 2015

Critique lue 1.3K fois

7 j'aime

3 commentaires

Val_Cancun

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

7
3

D'autres avis sur Un fauteuil pour deux

Un fauteuil pour deux
Ugly
7

Le choc des contraires

Cette comédie caustique joue la carte de la satire sociale parfois féroce mais néanmoins joyeuse, en rappelant étrangement les films de Frank Capra ; car Landis fait preuve peut-être de moins de...

Par

le 11 janv. 2017

15 j'aime

3

Un fauteuil pour deux
Faye88
7

L'agneau de Wall Street.

Suite à un pari sadique, Louis Winthorpe III petit bourge de la grande société de Philadelphie va échanger de vie avec Billy Ray Valentine, SDF noir beau parleur. Le but du pari étant de savoir si...

le 2 avr. 2016

10 j'aime

Un fauteuil pour deux
LeTigre
7

Un pari à un dollar ?

Et un troisième film iconique et célèbre du cinéma américain, le réalisateur John Landis annonce étonnamment son retour dans le genre de la comédie, après nous avoir émerveillé de bonheur avec son...

le 21 nov. 2018

9 j'aime

2

Du même critique

Baby Driver
Val_Cancun
4

L'impossible Monsieur Baby

Cette fois, plus de doute, le cinéma d'Edgar Wright, quelles que soient ses qualités objectives, n'est définitivement pas pour moi. D'ailleurs je le pressentais déjà fortement (seul "Hot Fuzz"...

le 20 juil. 2017

60 j'aime

15

Faites entrer l'accusé
Val_Cancun
9

Le nouveau détective

Le magazine haut de gamme des faits divers français, qui contrairement aux (nombreux) ersatz sur la TNT, propose toujours des enquêtes sérieuses, très documentées, sachant intriguer sans tomber dans...

le 2 avr. 2015

49 j'aime

11

Bullet Train
Val_Cancun
4

Compartiment tueurs

C'est le genre de film qui me file un méchant coup de vieux : c'est bruyant, bavard, ça se veut drôle et décalé mais perso ça m'a laissé complètement froid, tant les personnages apparaissent...

le 4 août 2022

46 j'aime

17