Ron Howard est l'exemple typique du cinéaste ne m'emballant que très peu, et son oscarisé Un Homme d'exception illustre à merveille mon ressenti : un biopic dramatique au menu, muni d'un pitch pas forcément aguichant que j'entrevoyais auréolé d'un traitement classique... bingo.
Non pas que ce bel esprit (cf. vo) soit mauvais ou même inintéressant, mais force est de constater que l'histoire de John Forbes Nash Jr ne passionne que trop peu, car plutôt prévisible dans sa manière d'égayer son propos biographique, qui brille d'autant plus d'un certain manque d'originalité salvateur ; la vie du renommé mathématicien et économiste constitue donc un sujet sympathique mais guère prenant, et il va sans dire que la vision romancée qui nous est offerte ici ne sert qu'au maintien d'un rythme et fil scénaristique tâchant de nous tenir en éveil.
Le long-métrage s'attache donc dans un premier temps à brouiller notre regard sur la réalité de Nash, lui-même de plus en plus troublé, mais ce semblant de mystère ne fonctionne pour ainsi dire pas fort d'un décalage des plus palpables, tandis que la vérité s'impose rapidement ; bien que peu efficiente en tant que source de péripétie, la théorie paranoïaque du complot imaginée par le professeur sert au moins de passerelle à une seconde partie ancrée dans la réalité, s'attelant à décrire les tourments liés à sa schizophrénie.
A partir de là, Un Homme d'exception va osciller entre bon (mais pas transcendant) traitement de la maladie, et une accumulation de bons sentiments à la base d'une ambiance mièvro-tragique, le film s'enfonçant alors dans un développement en tous points conformiste de ses enjeux scénaristiques ; on pourrait ajouter que l'ensemble s'apparente à son personnage principal, à savoir qu'il n'est qu'à demi-plaisant, tant on peine à se prendre d'attachement pour cette figure aussi complexe qu'unique.
Néanmoins, Russel Crowe m'aura personnellement fait une très forte impression, celui-ci tenant avec réussite un rôle à contre-emploi grandement difficile, tandis que la charmante Jennifer Connelly ou encore l'irréductible Ed Harris illustrent les bienfaits d'un casting pour le moins solide.
En résumé, Un Homme d'exception est un bon biopic en tant que tel, mais certainement pas un divertissement probant, encore que là n'était probablement pas son enjeu premier.