John le Carré est-il inadaptable ? La précédente adaptation "La taupe", malgré des critiques élogieuses, ne fût pas vraiment une réussite, c'était trop complexe pour pas grand chose. Cette fois-ci, c'est le contraire, c'est trop simple mais toujours pour pas grand chose. Alors certes, "The Constant Gardener" était réussi, une exception parmi diverses œuvres moyennes, mais surtout, qui n'était pas un film d'espionnage et dans ce genre, mieux vaut lire, que voir les adaptations de John le Carré.
Issa Karpov (Grigoriy Dobrygin) débarque clandestinement à Hambourg. Il est vite repéré par les services de renseignements allemands, dirigé par Gunther Bachmann (Philip Seymour Hoffman). Gunther a été muté dans cette ville, après un fiasco à Beyrouth, qui a coûté la vie à toute son équipe. Il voit en Issa, un moyen de rédemption et va tout faire, pour ni le perdre, ni le donner aux Américains, représenté par Martha Sullivan (Robin Wright). Mais une question importante se pose : Issa est-il là pour préparer un attentat ou pour se réfugier ? L'avocate Annabelle Richter (Rachel McAdams), va tenter de l'aider.
Malgré un dénouement inattendu (ou presque), l'histoire souffre d'incohérence, du manque de profondeur de ses personnages et du manque de complexité, ce qui est dommageable pour un film d'espionnage.
Le manque d’ambiguïté de Grigoriy Dobrygin, pénalise fortement l'histoire. On est jamais surpris. Tout se déroule dans la plus grande simplicité, comme les rapports entre lui et Rachel McAdams. Vont-ils avoir une idylle ? Suspense.
Philip Seymour Hoffman impose sa présence à l'écran, au contraire de ses partenaires. Il boit et il fume, c'est assez appuyé pour ne pas le remarquer. Il en fait même un peu trop, dès qu'il doit sortir une cigarette de son paquet. Au contraire, Willem Dafoe manque de psychologie. Il tombe lui aussi, très rapidement, sous le charme de Rachel McAdams. Cela devient plus un mélo, qu'un film d'espionnage, surtout qu'elle minaude et ressemble à une adolescente naïve du haut de ses 35 ans. Mais il y a pire, Daniel Brühl, totalement inexistant, avec une ligne de dialogue à l'écran. Il est surement là pour être le quota allemand de cette production Américaine/Anglaise/Allemande.
L'histoire est passionnante durant la première heure, avant de perdre de son intérêt, par manque de cohésion, de suspense et une réalisation bien plate. La petite fille riche, qui devient une avocate pour les démunis, c'est du vu et revu. On en revient au mélo et on s'éloigne du film d'espionnage. Willem Dafoe est un vieux banquier riche, abusant du whisky et moqué par sa femme. Décidément, cela ressemble vraiment à un mélo, au pire un drame. Découvrir l'envers du décor des personnages est en-soi, une bonne chose, sauf qu'ils sont tels que je viens de les décrire, ni plus, ni moins, c'est vraiment trop simple.
Le piège mis en place, ne captive pas vraiment, il est lui aussi trop simple. Le scénario pêche par de nombreuses facilités et des scènes superflues : Philip Seymour Hoffman frappant un homme dans un bar, pour épater Robin Wright, la course poursuite ou il doit présenter son badge, alors que le présumé terroriste et l'avocate entre sans problème, dans une boite de nuit avec un gros sac, ou encore Philip exposant son plan par métaphores et un haut responsable, lui disant qu'il ne pêche pas, non mais.......Il en va de même pour la scène finale, mais je ne vais pas gâcher le plaisir.
Il y a un juste milieu entre "La taupe" et ce film, à ce moment-là, on aura enfin une adaptation réussie d'un roman de John le Carré, mais surtout, enfin un film d'espionnage passionnant. Le genre se fait rare, si au moins les quelques tentatives dans ce domaine, pouvait être intéressante.