Tous les Woody Allen ne valent pas une palme d'or, clairement, mais il est bien rare qu'on n'y trouve pas son plaisir. "Un jour de pluie à New York" va entrer dans cette catégorie des Allen oubliables mais qui, le temps de leur visionnage vous font vraiment passer un bon moment. La pluie qui tombe sur New York n'est pas ici synonyme de nostalgie ou d 'automne précoce. C'est plutôt une pluie qui dépoussière nos personnages, jeunes adultes un peu trop formatés, un peu trop conformes à leur anti-conformisme. Allen les traîne un peu de déboires en déboires, mais quelque part il les rend à eux-mêmes, les yeux un peu plus ouverts sur le monde.
Le couple des jeunes acteurs qui endossent ici des rôles assez classiques chez Allen fonctionne plutôt bien, Elle Fanning est rigolote dans la peau d'une jeune journaliste qui, se frottant aux artistes qu'elle vénère, leur découvre aussi des fêlures humaines qui n'excusent pas leurs airs de gros bourdons attirés par le pollen. Elle-même se révélera moins innocente qu'on ne le suppose. Timothée Chalamet surjoue un peu le côté mélancolique du lettré destiné aux honneurs académiques mais qui est au fond plutôt jazzman et joueur de poker invétéré. Sa double personnalité amusante est explicitée par une pirouette peu subtile en fin de film. Il reste que ce jeu ne manque pas de charme surtout lorsqu'il interagit avec une Séléna Gomez craquante qui accapare les meilleures lignes du dialogue. Jude Law est Jude Law, cabotin et impérial, comme d'hab.
Après la noirceur asphyxiante de "Wonder Wheel", je crois qu'Allen s'est fait plaisir ici. Bien que manquant un peu d’inspiration, il laisse son humour et sa morale pessimiste affleurer pourtant dans ce charmant opus qui ne fera pas date mais qui ne gâchera pas votre soirée, loin s'en faut. Recommandé aux amateurs!