Bonne cible...

UN PETIT BOULOT (13,5) (Pascal Chaumeil, FRA, 2016, 97min)
Cette comédie sociale acide réussie dépeint le destin inattendu de Jacques Scoran, devenu chômeur après licenciement économique ayant perdu également sa femme, qui va recevoir une proposition d’embauche singulière : à savoir tuer la femme d’un mari cocu ! Pour son dernier film Pascal Chaumeil (décédé peu après le tournage) le réalisateur de l’excellent « L’Arnacoeur » (2010) et du très moyen « Un Plan parfait » (2012) a demandé à Michel Blanc d’adapté le sarcastique roman éponyme de Iain Levison paru en 2003. La mise en scène installe l’intrigue décalée de manière quelque peu maladroite sans vraiment de recherche artistique. La narration jongle entre une chronique sociale, un thriller et une franche comédie ce qui instaure un déséquilibre au film alternant les moments de brio et les moments plus fades. La narration s’avère pertinente par la mécanique de précision du scénario qui prend de l’ampleur après la poussive introduction (trop encombrée par la voix off du personnage principal) à mesure que le film dérape vers l’absurde. Les dialogues particulièrement ciselés et percutants (de Michel Blanc) alimentent de façon jubilatoire les situations d’humour noir assez délicieuses en n’oubliant pas d’être bien ancrées dans une réalité économique assez sauvage. Malgré parfois une certaine baisse d’énergie ou de rythme l’ensemble du film reste particulièrement plaisant en grande partie par son casting de choix. Romain Duris tourne le dos au séducteur de l’Arnacoeur et incarne avec plaisir le tueur à gag(e)s maladroits, bien accompagné par un excellent Michel Blanc et des savoureux seconds rôles comme le formidable Alex Lutz (Catherine dans la revue de presse de Catherine et Liliane), le touchant Gustave Kervern (Mammuth,Dans la cour,Asphalte) et la pétillante Alice Belaïdi (Radiostars,Les Kaira). Venez découvrir dans cette satire sociale qu’il est plutôt bien tentant d’avoir « Un petit boulot ». Consciencieux, audacieux et attachant.