La critique complète du film : http://cinecinephile.com/un-peuple-et-son-roi-realise-par-pierre-schoeller-sortie-de-seance-cinema/
Il y a longtemps que le cinéma français ne s’était pas lancé dans un projet aussi ambitieux et pharaonique. Après Versailles et L’exercice de l’état, le cinéaste Pierre Schoeller nous propose cette fois-ci une reconstitution d’un moment de la Révolution française sous la forme d’une fresque romanesque et politique. Un Peuple et son Roi se déroule entre la prise de la Bastille de 1789 et l’exécution de Louis XVI en 1793. Une synthèse en deux heures des dates emblématiques où se déroule un défilé de personnages historiques interprétés par des acteurs de prestige : Gaspard Ulliel, Adèle Haenel, Olivier Gourmet, Louis Garrel, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, Céline Sallette ou encore Laurent Laffitte. Un long-métrage qui a demandé plus de 5 ans de travail rien que pour le scénario, un budget colossale de 16,9 millions d’euros. Un Peuple et son Roi ressemble à ce qui s’apparente à un monstre industriel dans le paysage cinématographique français comme on n’en avait pas vu depuis la période des productions Continental Films qui ont fait la gloire du cinéma français des années 1940. Une fresque historique de cinéma populaire qui se donne énormément de moyens.
Et malheureusement, les faiblesses du long-métrage apparaissent très vite derrière les moyens colossaux mis en avant par le film. Un Peuple et son Roi donne par moment l’impression d’être dépassé par ses ambitions, notamment par une durée restrictive. Deux heures, cela peut paraître sur le papier une durée idéale pour un film historique… mais dès les premières minutes du long-métrage, les dates emblématiques défilent, les personnages et leurs relations, de l’histoire d’amour entre Basile (Gaspard Ulliel) et Françoise (Adèle Haenel) aux apparitions anecdotiques de personnages historiques tels que Robespierre (Louis Garrel) ou encore Marat (Denis Lavant), sont expédiés par un montage qui enchaîne les ellipses temporelles. S’installe alors très vite un sentiment de lassitude face à un récit expéditif et synthétique qui ne semble pas à la hauteur des ambitions de fresque historique du long-métrage. Lorsque l’on songe à une fresque cinématographique sur fond de Révolution française, on pense immédiatement au film de Robert Enrico et Richard T. Heffron, La Révolution Française, d’une durée de 5h30 et sortie en deux parties en 1989 avec un casting prestigieux tels que François Cluzet en Camille Desmoulins ou encore Jane Seymour en Marie-Antoinette. Un Peuple et son Roi aurait indéniablement gagné en profondeur et en ampleur si le long-métrage était sortie en salle en deux parties, notamment comme l’excellent Mesrine de Jean-François Richet.
[...] Habité par des ambitions artistiques louables sous ses airs de fresque romanesque comme on en voit rarement dans le paysage du cinéma français populaire, Un Peuple et son Roi échoue malheureusement dans le déploiement de ses moyens industriels, contraint par une durée imposée par le format du long-métrage qui aurait mérité à être doublé, quitte à scinder l’œuvre en deux parties. Un échec frustrant.