Sous la plume de Dostoïevski se dévoilaient les traits d’un personnage, celui du joueur. Depuis, on a cessé de reconnaître sa marque, c’est un fantôme qui se glisse dans les œuvres et dans nos vies. Le joueur ici est interprété par Adam Sandler et c’est la caméra des frères Safdie qui le dévoile. C’est un bijoutier, dont l’univers est fait de magouilles, de paris, d’argent, et de cailloux brillants.


Le film nous emmène au départ en Éthiopie, dans les entrailles de la Terre, où l’on y voit deux mineurs récupérer une opale à l’éclat très particulier. On plonge dans cette pierre, encore brute, on y voit des galaxies, qui se transforment petit à petit en boyaux humains. Lorsque l’on ressort, on voit un médecin en train d’effectuer une coloscopie.


Des entrailles de la Terre nous sommes passés aux entrailles du personnage principal, nous allons pénétrer dans son monde afin de le sonder, de voir ce qu’il est. Nous ne sommes pas au-dessus du personnage, nous sommes avec lui tout le long du film et nous allons l’accompagner.
Le film est une expérience sensorielle forte. Il y a presque toujours du son, les voix se superposent les unes aux autres. La caméra est en mouvement perpétuel, on a toujours l’impression de courir après quelque chose, jamais le film ne nous laisse nous reposer. La profondeur de champ est souvent très petite, on évolue dans le flou, on ne sait jamais réellement où l’on va. Le film est physiquement épuisant. C’est justement tout ce qui en fait son intérêt ! Il est à vivre comme une expérience. C’est une immersion dans la vie d’Howard complétement bourrée d’adrénaline.


Howard est un joueur compulsif. Il prend tout comme un jeu et risque sa vie, toute son argent en permanence. En réalité ce mode de vie est le seul qui lui convienne. Jouer, c’est ce qui lui permet de se sentir en vie. Il enchaîne les magouilles les unes après les autres, il est immoral mais pourtant on ne peut pas s’empêcher d’être avec lui dans les moments de tension. Il attachant, son sourire et ses dents, sa gouaille caractéristique donne envie de le soutenir. Il a un charisme particulier. Adam Sandler réalise ici un tour de force en parvenant à nous faire croire et aimer ce personnage, ce qui nous pousse à nous investir d’autant plus dans ce film.


« Uncut Gems » est de ces films qui ne nous laissent pas intacts et qui vont jusqu’au bout de leur démarche quitte à nous faire mal. Il ne nous lâche pas avant d’en avoir fini avec nous. Que l’on aime où que l’on aime pas, ce film nous marque au fer rouge.

Léø-Kun
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le 22 févr. 2020

Critique lue 176 fois

2 j'aime

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