Underworld
5.5
Underworld

Film de Len Wiseman (2003)

---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au seizième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Beauty_of_the_Beast/1620017#page-1/
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


J’ai fais tout le trajet jusqu’à Détroit dans la journée, puis j’ai choisi de regarder le film de ce soir pour tuer le temps jusqu’à la nuit. La nuit la plus importante de ma vie depuis des siècles probablement. Film, tu as intérêt à me mettre dans les bonnes conditions, car ce soir, je retrouverais mon Lycaon.


Et j’y ai cru. Le film commence en amassant les bons points. Visuellement, c’est irréprochable : l’ambiance générale, sombre, contrastée, désaturée, bavant sur des teintes verdâtres et illuminée de gouttelettes d’un bleu écarlate est un vrai délice, en accord parfait avec le propos. Le montage et les effets spéciaux de cette première scène de combat mettent en lumière le gros budget dont a bénéficié le film, et je me réjouis de voir, enfin, Hollywood investirent un peu dans ma légende (même s’ils l’avaient fait des années plus tôt pour nos cousins vampires, et que Underworld n’est qu’un autre film de vampire, avec accessoirement, aussi, des loups-garous. Oui, mais ne gâchez pas mon plaisir, le film s’en chargera tout seul dans sa deuxième moitié). Surtout, je reste scotchée face à la scène de transformation ; la plus belle du mois, en toute simplicité, car même si elle est certainement la plus chère aussi, elle n’oublie pas de camoufler habilement ses défauts sous du montage bien senti et une lumière intelligente.
Et scénaristiquement, ça suit ! On a bien pensé aux balles en argent pour les lycanthropes, et à mettre un peu de fumée sur la plaie, pour faire un peu badass. Mais c’est pour tuer les vampires que le film redouble d’ingéniosité, et je m’incline face à cette idée incroyable : Des ultra-violets dans les munitions pour tuer les vampires ! Des armes-soleil ! J’ai crié au génie à chaque fois qu’un vampire mourrait sous le coup de la génialissime invention (même si, honnêtement, des balles en bois c’est quand même plus simple à fabriquer…). Je relève également l’une des ligne de dialogue les plus intelligentes du mois : « Pourquoi les lycans chasseraient-ils quelqu’un si ce n’est pas pour le manger ? » Mais oui, effectivement, pourquoi ? Posez cette question à tous les films qui vous ont précédés, vous verrez que vous êtes mieux qu’eux… Pensais-je…


Car voila le problème d’Underworld, c’est qu’après une formidable première partie, qui prétend écraser tous les films de loups qui l’auraient précédé, le film se vautre dans une deuxième partie ridicule et incohérente. On accumule des stéréotypes risibles : que des mâles chez les lycanthropes (il faudra m’expliquer comment ils font pour être autant si leurs rangs comptent si peu de femelles), et à l’inverse une belle brochette de femelles potiches chez les vampires pendant que leurs hommes forts prennent les vrais décisions. On a le droit aussi, comme dans tous les films depuis 1940, au plan subjectif du point de vue du loup-garou, au plan ordinateur qui zoom à l’infini, au nom de l’amoureux mort écrit sur le miroir, aux entraînements de tir sur des bustes en marbre, à l’histoire prévisible du « les méchants en fait c’est les gentils parce que les gentils en fait c’est les vrais méchants », et j’en passe. Ajoutez à ça les six putains de piqûres aussi beurk qu’inutiles, et la stupidité superficielle d’une bonne moitié des personnages ( « -Eh ! J’ai tué ma femme dans un accident de voiture ! -Eh ! Je viens de ressusciter mon amant mort ! -Cool embrassons nous ! » ou encore « -Eh ! Je vais te révéler un secret d’état ! -Cool ! On fait l’amour avant ? ») et on comprendra facilement pourquoi ma moitié humaine, cinéphile et féministe a fini le film dans un état de rage bouillonnante.
Mais ma moitié humaine n’était qu’un petit ourson plein de tendresse en comparaison avec ma partie louve. Ce film est insultant, incohérent et stupide. Et c’est tellement dommage après cette première partie si prometteuse en idée géniale et en un minimum de recherche sur ce que sont censées être nos espèces que même aujourd’hui (quelques mois après avoir vu le film pour être honnête), alors que la rage s’est éteinte, un pincement de tristesse m’étreint encore en repensant au gâchis qu’est ce film. A trop vouloir être un film d’action, il en oublie d’être un film tout court, avec sa logique interne et ses enjeux. Il y a même certaines scènes où on ne nous donne même plus la fin des combats tant le scénario n’a plus d’intérêt ! Donc : non. Les vampires courent plus vite ça, et les loups garous ne sont pas des araignées, ils ne marchent pas sur les murs ou sur le plafond. Non, les lycanthropes, je le répète alors que je pensais que vous l’aviez compris, ne mordent pas pour transformer. Non, vous ne pouvez pas sauver un vampire en lui faisant un massage cardiaque : Un vampire, ça ne respire pas (bande de naze, avais-je précisé dans mes notes pré-critique). Non, même si c’est un vampire qui la lui colle, on ne peut pas tuer un loup-garou avec une grosse baffe. Bordel elles sont passés où vos munitions super inventives et intelligente de la première partie ? Et non, les vampires ne sont pas triple champions olympique de gymnastique, surtout si vous ne voulez pas leur rendre leur super-vitesse, ils ne risquent pas de faire des triple saut périlleux arrière. Et tout ça, c’est sans parler de l’histoire principale : qu’on parle de leur histoire débile de ressusciter les grands anciens vampires ou de leur idée peut être un peu moins con de base mais tellement mal menée de créer un être hybride, mi-vampire mi-lycan… Je ne sais même plus par quoi commencer ! (ou continuer, oui, cette critique est bien de trop longue). Donc, bah non, toujours pas, désolée d’insister, mais si aucune des deux espèce n’a la super-vitesse, je ne vois pas pourquoi le type hybride l’aurait, lui ? Et il y avait un début d’idée super intéressante à faire que ce type au début ne se transforme qu’obligatoirement, et à la pleine lune, tandis que les autres maîtrisent parfaitement leurs transformation, mais si c’est pour balayer cette idée d’apprentissage d’un revers de scène de baston, ça perd tout son intérêt, et ça ne fait que rajouter une incohérence de plus.
Et pour ce qui est des grands anciens. Et bien… Non plus. Déjà, un vampire, même si c’est un vampire, une fois qu’il est mort, il est mort. Demandez à Van Helsing, c’est déjà bien assez compliqué comme ça à zigouiller, si en plus on peut quand même les ressusciter derrière, ça sert plus à rien de se donner toute cette peine. Donc déjà de base je suis assez contre cette idée. Surtout que des vampires, c’est bon, y en a plein partout, pas la peine de ramener le troisième age. Après faut pas s’étonner qu'ils perdent, quand papy essaye de tuer le type surpuissant qui était médecin deux jours avant en essayant de l’étouffer avec un bras, alors qu’il avait deux épées courtes sur lui. Mais on t’a jamais dit que pour tuer un lycan il fallait lui couper la tête ? Et en parlant de tête coupée, le type a le temps de se relever, se tourner, sortir deux armes, faire un regard méchant à la dame, avant de se rendre compte qu’il s’est fait fendre le visage en deux ?! Mais surtout ce qui m’agace dans cette histoire de grands anciens, c’est qu’on nous ennui pendant tout le film, à nous dire qu’on réveille pas les grands anciens comme ça, que c’est super dur et tout, pour qu’au final le dernier grand ancien soit réveillé parce que le sang du loup garou qui s’est pris une baffe coule a travers le parquet pour lui tomber dessus… Où est passé le respect des scénariste pour leurs propres personnes ? A part pour nous pondre une fin à la « donnez-nous des thunes pour qu’on fasse une suite ! », je vois pas.
Mais ! Mais, tout n’est pas à jeter. Au-delà du début dont j’ai vanté les mérites et qui ne perds pas de son charme, même une fois que la deuxième partie lui a sauvagement roulé dessus, il y a autre chose que j’aime bien dans ce film, c’est la légende du seul homme qui survit a la peste car son organisme traite le virus comme un avantage et devient immortel : il transmet son immortalité à deux fils : l’un se fait mordre par une chauve souris et l’autre par un loup. C’est vrai que si beaucoup de légende se penchent sur nos modes de vie ou les façons de nous éliminer, très peu se demandent comment nous sommes apparus. Moi-même je l’ignore, mon espèce existait bien longtemps avant moi, et celle de mes amis bien avant tous les vampires que je connais. Mais je trouve cette idée jolie, et même si le film nous a bien démontré qu’on ne pouvait pas lui faire confiance, après tout une légende n’existe que par ceux qui croient en elle. Je décide de croire en elle, et d’oublier tous les désagréments que le reste du film m’aura causé, pour aller rejoindre en paix l’homme-loup que je n’ai cessé d’aimer pendant toutes ces années séparée de lui.
Zalya
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le 21 août 2018

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