Aujourd’hui, j’ai eu l’opportunité d’assister à l’avant-première du film « On the basis of sex ». J’étais donc impatiente de le découvrir pour plusieurs raisons.


D’abord, c’est un film sur l’une des plus grandes figures de la Cour Suprême des Etats-Unis, Ruth Bader Ginsburg, qui était la première femme à lutter contre la discrimination fondée sur le sexe. Par ailleurs, elle exerce toujours sa profession à l’âge de 85 ans.


En plus, c’est un grand film réalisé par une femme, Mimi Leder, ce qui ne pouvait me déplaire. En fait, peu de choses pouvaient me déplaire étant moi-même une femme, féministe et juriste malgré moi. C’était donc bien parti ! (Tout cela, c’était sans savoir qu’il s’agissait d’un film hollywoodien - naïve que je suis)


Le film s’ouvre sur une marée d’hommes en costumes, vestons-cravates, de ‘men in black’ crevant l’oeil d’un point de vue photographique. Parmi cette foule, une femme semble perdue. Elle s’appelle Ruth Ginsburg et elle fait partie des 9 femmes sur plus de 500 hommes ayant accédé à l’Ecole de droit de Harvard, en 1956. L’ambiance s’installe lorsque le doyen pose une question aux jeunes filles : « Comment justifiez-vous de prendre la place d'un homme compétent ? » BAM ! Je me dis que la trame scénaristique n’est pas mauvaise, j’attends impatiemment la suite.


C’est alors que les ellipses se succèdent, et c’est le drame. Ce n’est pas que je souhaite exprimer mon mépris vis-à-vis des ellipses, (rares sont celles qui excellent, et je n’en citerais qu’une seule ici) mais lorsqu’elles n’ont de but que de prolonger le récit, sans rien y rapporter, elles me semblent sans intérêt. En fait, le problème, et c’est là toute la difficulté des biopics, c’est de vouloir trop raconter. Trop raconter, trop lisser l’histoire, et rajouter un manque de subtilité, voilà que vous obtiendrez un biopic typiquement hollywoodien. En toute évidence, je ne veux pas juger tout le film sur le manque de subtilité car, primo, certaines scènes sont intelligemment réussies (la dernière scène du baiser, lorsque le mari s’abaisse à la même taille que Ruth, qui renvoie à la première scène intime, lorsqu’elle lui demande de le faire explicitement), deuxio, la dramaturgie l’y oblige, c’est tout de même une fiction.


Au bout de deux heures de film (du moins, c’est ce qui m’a semblé), on arrive enfin à l’essence : le procès. Evidemment, je ne m’attendais pas à une merveille, mais j’étais très curieuse de découvrir le débat.


D’un point de vue juridique, j’étais absolument déçue. (Pas important) Mais je l’étais d’autant plus du point de vue cinématographique. Cependant, je ne peux en vouloir à personne. Ou un petit peu quand même. En arrivant aussi loin dans le film, je pouvais m’y attendre, et encore une fois, fiction l’y oblige. Comme dans la plupart des films ‘d’avocats’, l’acteur ne dit pas grand chose sur le plan juridique, mais il va parler avec le coeur et il essayera de se rapprocher du public. Tout cela, avec un échange de regards poignants, compétitifs et une musique de fond pour bien retenir l’attention du spectateur. Bref, une mise en scène exagérée, des actions un poil trop lentes, mais c’était - et on l’a appris grâce à l’un des acteurs présent dans la salle - l’intention des auteurs.


Cependant, je ne peux déconseiller le film à condition de le scruter avec modération. Il s’agit d’une histoire remarquable sur une femme combattant au profit des droits humains, et rien que pour ça, on pourrait faire abstraction de la mise en scène quelque peu excessive.

msayd
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le 25 janv. 2019

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msayd

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