Le film tient toujours très bien la route et offre un spectacle fort divertissant, riche et foutraque comme je les aime.


Il est par ailleurs intéressant de revoir ce classique après le récent revival du bis et du ciné d'exploitation, dont Rodriguez et Tarantino se sont fait les chantres. En 1996 déjà, sans que ce soit la mode, le film assume ses origines déviantes et référentielles, confirmant la réelle sincérité des deux réal' dans leur attrait pour le genre, ainsi qu'une véritable cohérence dans leur univers. On a ainsi le droit à une première partie parfaitement ficelée avec ses 2 braqueurs en cavale, dialogues au petits oignons, et à une seconde moitié qui n'a aucune honte à partir dans le gore le plus grand guignolesque qui soit, bouchaille vulgaire et délirante accompagnée d'un étalage d'armes jouissivement improbables (le sex machine gun, le vibro-empaleur...). L'ambiance Titi Twister est restée avec raison dans les annales, tant le rendu en est parfait.


La brochette d'acteurs est quant à elle bien généreuse, avec là encore plusieurs stars du bis mondial pré-revival. Dans l'ordre, ça nous fait :
- Georges Clooney, impeccable, incarnant avec crédibilité son personnage de pro qui n'hésite pas à flinguer si besoin, en même temps que grand frère protecteur d'un taré. Un de ses meilleurs rôles à mon goût (avec le retour des Tomates Tueuses, et ce n'est pas une vanne).
- Quentin Tarantino, investi à la perfection dans son costume de sadique sexuel homicide et parano, tout en froideur et sobriété, bien loin de son cabotinage désormais habituel. Il fait réellement peur avec son regard de psychopathe enfermé dans ses délires fantasmatiques (ça m'avait déjà marqué à l'époque de mon premier visionnage). Sans aucun doute son meilleur rôle.
- Harvey Keitel qui assure ce qu'il faut pour être un pasteur sans foi mais avec une bonne trempe.
- Juliette Lewis, actrice tellement 90's.
- Danny Trejo, l'incontournable 2nd couteau de Desperado.
- Martin Cheech qui assume 3 rôles bien différents, mais avec succès (et puis ce speech sur les minous du Titi Twister !).
- Tom Savini, célèbre Sex-Machine, concept tout ce qu'il y a de plus bisseux.
- Fred Williamson, toujours la classe le Marteau avec ses gros cigares. Le passage sur le Vietnam est vraiment nawak.


Bref, si certains reprocheront à FDTD des FX parfois un peu trop Buffy style (ce qui n'est pas totalement faux, mais est compensé par un excès gore puérilement génial) et le début d'une tendance à l'auto-citation (les pieds, le personnage de Earl, les Kahona Burger, le plan du coffre...), il serait dommage de ne pas profiter de la générosité du film dans son approche à la fois ciselée et bordélique de ses références. Y'a pas à chier, on prend son pied en le matant et c'est là tout ce qui compte.

Créée

le 22 déc. 2019

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