Lorsque tout commence, ce film est simplement beau, la pureté de ces paysages, la nature omniprésente, les images d’une vie rude, mais d’une innocence qui ressort complètement et qui nous touche immédiatement. Néanmoins, ce n’est qu’un prélude à l’arrivée du mal, un avant-goût qui nous montre à quel point tout peut très vite changer, à quel point une graine de haine pure, peut pourrir absolument tout ce qui nous entoure. Alors, à partir de cet instant, même le sublime ne peut rivaliser, même l’environnement dans toute sa splendeur ne peut contrebalancer cette noirceur, on ne s’y retrouve plus, on ne parvient pas à passer outre, à oublier, la peur règne par-dessus tout. Et cette noirceur, c’est la Seconde Guerre Mondiale, la montée en puissance du nazisme et toutes ses victimes directes ou indirectes, toutes ces vies changées radicalement contre leur gré. Parce que lorsque vous étiez enrôlés de force, il fallait prêter serment au Fürher, lui faire allégeance, mais pour certains c’était au-dessus de leurs forces, contraire à leur foi ou tout simplement à leur humanité, néanmoins, c’était signé son arrêt de mort. Alors faut-il tout risquer, faut-il aller jusqu’au bout, après tout, ce ne sont que des mots, tant que vous ne les croyez pas, ils ne pèsent pas sur votre conscience et puis, qu’est-ce que ça va changer, la guerre ne s’arrêtera pas grâce à cet acte. La réalisation de Terrence Malick est évidemment magistrale, bien que je ne sois pas la plus férue de son style, on ne peut décemment en nier la beauté, c’est extraordinaire à tous les niveaux et d’une maîtrise saisissante. Tout en contraste, son travail est aussi lumineux, que sombre, un paradoxe qui correspond pleinement à cette époque, mais surtout aux différents sujets abordés, pour en souligner toute la quintessence. En ce qui concerne le scénario, c’est celui d’une histoire vraie, le parcours de ce martyr moderne, qui est allé au bout de ses idées, de son combat, parce qu’il se refusait à courber l’échine, à aller contre sa foi, mais aussi la cruauté humaine que l’on aurait pu lui demander. C’est le portrait extraordinaire d’un homme incroyable, mais également de sa famille, de ceux qui l’ont soutenu, se voyant ostracisés par tout un village, parce que ça ne se fait pas, parce que l’on ne dit pas non, parce que c’est dangereux. Un véritable acte de foi pourtant, auquel tous ne seront pas sensibles, étant athée, j’ai pourtant compris son geste, au-delà d’une simple croyance, c’est son humanité qui en ressort, parce que faire souffrir ses semblables, c’est devenir un monstre. Il est évident que ce n’est pas une histoire des plus aisées, bien sûr, c’est inéluctable, mais c’est un sacrifice qu’il est bon de connaître, de ne jamais oublier, dire non, c’est aussi la liberté propre à chacun. Quant au casting, August Diehl y est tout bonnement époustouflant, mais notons également la performance bouleversante de Valerie Pachner.


En bref : Un film qui ne sera peut-être pas au goût de tous, qui recèle pourtant de messages d’une puissance extraordinaire, qui nous livre un combat perdu d’avance, dans lequel on gagne pourtant beaucoup, parce qu’aucun d’entre nous n’en ressortira indemne !


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Vampilou
8
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le 9 oct. 2020

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Vampilou

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