On débute notre journée avec Upstream Color de Shane Carruth, un petit film de science-fiction tout en flottement, dans lequel une femme après s’être fait posséder par des vers qu’un mystérieux individu contrôle, essaye de se reconstruire. Je vous garantis que ce que vous allez lire par la suite est sans spoiler, alors ne vous inquiétez pas. Le film délaye une ambiance atmosphérique assez remarquable et plus que fascinante. Il est un labyrinthe mental aussi perturbant que merveilleux, et n’est pas sans rappeler le cinéma de Richard Kelly avec le film Donnie Darko, beaucoup plus intimiste. Des personnages, il y en a peu, mais ils sont tous signifiants. Ce sont des gens brisés qui n’appartiennent pas au monde dans lequel ils vivent. Ils sont comme les spectateurs, des corps/esprits qui flottent et hantent les images brillantes et précises du réalisateur. Ce monsieur fait d’ailleurs quasiment tout, de l’écriture à la réalisation, en passant par la photo, la musique ou l’interprétation. Cependant, le film ne se regarde pas comme un egotrip fini de Shane Carruth, mais plutôt comme une œuvre très personnelle et ultra sensible. Paradoxalement, on a l’impression de pénétrer à l’intérieur de ces personnages, à l’intérieur de leur boîte crânienne, alors que le film se construit autour de la notion de distance, être et/ou observer à distance. Cette collision mentale donne ainsi toujours l’impression vibrante d’être dans un entre-deux signifiant et perturbant. Comme eux, on est déconnectés de la réalité, et on se retrouve à observer à distance, en étant entièrement immergés dans l’image et le son.


Je ne vais pas essayer de remettre le film dans l’ordre ou d’influencer le lecteur qui le verrait un jour, mais je vais conclure sur ce que disait Kubrick à propos du cinéma, et qui définit parfaitement ce qu’est Upstream Color :



A film is – or should be – more like music than like fiction. It should be a progression of moods and feelings. The theme, what’s behind the emotion, the meaning, all that comes later.



Tiré du journal de l'Étrange Festival de Paris : lire l'article entier sur mon blog...

VictorTsaconas
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le 20 oct. 2015

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Victor Tsaconas

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